Texte lycée – Conseil syndical du 9 septembre 2009
Les personnels sont demandeurs d’une réforme du lycée ambitieuse qui relance la démocratisation. Mais cette réforme ne doit pas s’inscrire dans le cadre des économies budgétaires et de la RGPP. La réforme des lycées ne doit pas être menée pour économiser des moyens mais pour favoriser la réussite de plus de jeunes. C’est une base de discussion incontournable. Or, les suppressions de postes à la rentrée 2009, comme celles prévues en 2010, vont à l’encontre de ces objectifs ; la rentrée 2009 n’est pas satisfaisante : élèves non affectés, classes sans professeurs, regroupements anti-pédagogiques etc. Les conséquences des suppressions de postes sont de plus en plus catastrophiques pour tous.
Une véritable réforme ne peut être envisagée sans une large concertation de tous les partenaires de l’Ecole : personnels, lycéens, parents d’élèves, élus… Il est aussi impératif de mener de front la réflexion sur les contenus et les objectifs et celle sur les structures. Cela implique la mise en place d’un calendrier raisonnable qui permette le temps du débat à tous les niveaux, tant sur la structure que sur les contenus, éléments qui ne peuvent être dissociés. Le nouveau programme de mathématiques de 2de, imposé à la hussarde, découvert à la rentrée par les collègues, après publication de 23 juillet, montre exactement ce qu’il ne faut pas faire. Il ne nous parait donc pas envisageable que la nouvelle seconde puisse être mise en œuvre dès la rentrée 2010.
Pour le SNES, tous les jeunes peuvent réussir au lycée. Et l’élévation du niveau de qualification de tous est indispensable pour assurer une véritable démocratisation et répondre aux exigences économiques, sociales et culturelles de la société. Il a des propositions qu’il entend défendre :
• La seconde doit être un temps de respiration, de transition, pour découvrir de nouvelles disciplines. C’est une étape essentielle de la scolarité, préparant le futur. Il s’agit de trouver un équilibre entre les matières déjà enseignées au collège et les disciplines nouvelles, sur lesquelles reposent des choix d’orientation
• Le cycle terminal doit offrir une plus grande diversité de parcours cohérents ce qui implique le maintien de l’organisation en voie et en séries, mais réinterrogées, revues, rééquilibrées.
• Les conditions d’enseignement (horaires, effectifs, mais aussi méthodes et contenus…) doivent permettre la réussite de tous les jeunes tout en favorisant l’entrée de tous dans l’activité scolaire et, par là, leur autonomie, leur esprit critique et citoyen.
• Les personnels doivent bénéficier du temps (individuel et collectif), de la formation et des modalités d’enseignement nécessaires pour leur permettre de comprendre les sources des difficultés des élèves, et travailler avec les élèves pour réduire l’écart qui sépare beaucoup d’entre eux des attentes plus ou moins explicites de l’école. Aucune démocratisation du lycée ne peut avoir lieu si l’organisation des enseignements ne permet pas aux enseignants de « vendre la mèche » des conditions de la réussite à tous les élèves.
• Les contenus d’enseignement doivent permettre de mieux comprendre les grands enjeux du monde contemporain.
• Le temps de travail du lycéen, ses conditions d’apprentissage des savoirs, au lycée et en dehors du temps scolaire doivent faire l’objet d’une étude beaucoup plus sérieuse que celles qui existent : l’on ne démocratisera pas le lycée en diminuant le temps de présence des lycéens dans l’établissement et en renvoyant une partie des apprentissages à la sphère privée ; ce qu’il faut interroger ce sont les modalités du travail sur temps scolaire (groupes).
• Les choix d’orientation des élèves ne sauraient se résumer à une simple gestion des flux, ni être guidés par les seules représentations des élèves ou de leurs professeurs qui ne sont, par ailleurs pas formés en la matière. L’élaboration des projets des élèves doit être confiée aux personnels qualifiés que sont les conseillers d’orientations psychologues, en complémentarité avec les professeurs principaux et plus largement l’équipe pédagogique.
Le rapport de Richard Descoings sur les préconisations pour le lycée reprend certaines des propositions du SNES, cette situation est le résultat de la mobilisation des personnels et du SNES et nous n’accepterions pas de revenir sur ces acquis :
• Maintien de l’engagement de l’Etat et finalités du lycée. Le lycée n’est pas que la propédeutique du Supérieur, c’est un lieu de formation générale technologique et/ou professionnelle mais aussi le lieu de la transmission d’une culture commune et de l’apprentissage de la citoyenneté.
• Nécessité du maintien des trois voies de formation au lycée. A ce titre, le SNES approuve l’opinion du rapporteur : les trois voies du lycée sont complémentaires et d’égale dignité et les articulations entre ces trois voies sont un élément central. Le lycée professionnel souffre d’une image dévalorisée alors qu’il permet la réussite et l’accès au bac de jeunes par des pratiques et méthodes différentes de celles des voies générale et technologique. La réforme devra donc s’accompagner d’une véritable volonté politique de lutter contre les usages sociaux discriminants et les représentations souvent erronées.
• Reconnaissance de la voie technologique en tant que vecteur de démocratisation.
• Nécessité urgente de rénovation des séries STI.
• Construction d’une véritable classe de détermination en seconde (mais les propositions restent imprécises, par exemple en ce qui concerne l’organisation du 3e trimestre).
• Nécessité de rééquilibrer les voies générales en lycée (mais les pistes définissent plutôt les contours d’une alternative que de véritables préconisations).
• Rejet de toute forme de semestrialisation.
• Discussion démocratique autour des programmes et respect de leur caractère national.
• Nécessité de la formation continue des personnels
• Amélioration de la démocratie lycéenne.
Cependant un certain nombre de propositions sont inacceptables et le SNES n’engagera aucune négociation à partir de telles recommandations.
• Les effectifs de classe jouent, on le sait, un rôle fondamental dans l’acte d’enseignement et dans les conditions d’apprentissage. Or la situation est mauvaise dans le cycle terminal et souvent dramatique en seconde. On ne saurait se satisfaire d’une « meilleure répartition des moyens entre disciplines et lycées ». Il y a nécessité d’abaisser le nombre d’élèves dans les classes de seconde dans tous les lycées et davantage encore en ZEP. Effectifs allégés en classe entière et petits groupes sont indispensables à des apprentissages scolaires réussis.
• Si R. Descoings propose « de nouveaux apprentissages », on remarque que ce sont en fait généralement des pratiques déjà existantes et mises à mal par les conditions matérielles des établissements (effectifs, DGH en réduction…). Prises de parole, débats, TCI notamment, exigent de petits groupes. Il en va de même pour « les cours de méthodologie ». La méthodologie, pour être efficace, doit être étroitement liée aux disciplines, elle ne peut faire l’objet de cours en tant que telle.
• S’il est nécessaire de permettre un véritable accès à la culture, aux pratiques artistiques et sportives, cela passe d’abord par une consolidation des disciplines artistiques et de l’EPS.
• La conception du rapport sur « l’accompagnement personnalisé », qui regroupe artificiellement des notions hétérogènes (aide au travail personnel, orientation, approfondissement, TPE…) ne tient pas compte des mécanismes d’apprentissage du lycéen. Le SNES s’oppose à la volonté d’individualiser à outrance et d’externaliser le traitement des difficultés rencontrées par les élèves que semble porter cette notion. Il maintient que les difficultés des élèves doivent être traitées dans le cours, avec des enseignants de la discipline, et des conditions de travail qui soient propices.
• Il est positif d’encourager l’engagement citoyen des lycéens. Mais évaluer cet engagement, et plus particulièrement dans le cadre du baccalauréat, pose problème : s’engager est un acte qui relève de la liberté de l’individu incompatible avec la notion d’appréciation que porte toute évaluation.
• La conception de l’orientation développée dans le rapport est réductrice, prend peu en compte la spécificité de l’adolescence et occulte le rôle capital des COPsy.
• Le SNES s’oppose à l’autonomie des établissements, qui met à mal la notion de service public et d’égalité de tous face à l’éducation. Autre chose est la mise en place des dispositifs décidés par les équipes éducatives sans remettre en cause le cadre national des programmes et des horaires.
• Le « cadre national du baccalauréat » est nécessaire, mais pas suffisant : le SNES s’oppose au développement du contrôle « local » par le CCF et le contrôle continu. Il s’oppose également au déroulement des épreuves de bac « à l’interne ».
• Enseigner est un métier qui exige une formation de haut niveau tout au long de la vie. On ne saurait mentionner l’importance de la formation continue des enseignants (comme le fait le rapport) sans lui (re)donner réalité. Enseigner est le cœur du métier et on ne peut confier aux enseignants des missions qui relèvent d’autres métiers que le leur. Il faut, au contraire, créer les conditions qui permettent de le faire encore mieux pour faire réussir plus de jeunes. Les missions des enseignants doivent être abordées clairement dans les négociations, en tenant compte des spécificités du métier.