Il faudra donc attendre décembre et le 3e acte de la concertation annoncée le 5 octobre pour discuter des mesures paramétriques (âge légal de départ et/ou durée de cotisation) à mettre en œuvre pour sauver un système prétendument « en péril ». Qui peut encore croire à cette fable politique, mise en scène à grand renfort de communication, alors que le rapport du COR, paru en septembre, insiste sur la maîtrise (et même la baisse) des « dépenses » de retraite projetées ? « Jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution ».
Le léger déficit pour la période 2027-2032 ne correspond qu’à l’épaisseur du trait de crayon : pour 100€ de pensions versées ne rentreraient que 97€ de recettes. Il ne justifie aucunement une réforme d’une telle ampleur. De plus il résulte d’un artefact : le COR utilise les données du gouvernement sur le chômage prévu en 2027 (5%), et la cible retenue par le COR en 2032 (7%).
Déficit hypothétique d’une croissance déprimée et d’un chômage qui augmente.
Mais la révélation finale nous est fournie par le gouvernement lui-même dans le projet de loi de finances 2023 : la suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) entraînant une baisse des ressources publiques, « les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise de l’évolution des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites ».
Ou quand on demande aux actifs et actives et aux retraité.e.s de financer les cadeaux faits aux entreprises sous couvert de justice sociale : une belle tartufferie !
Eric Duflos, Laetitia Logeon