Il semble incroyable qu’en 2022, dans un contexte où l’Éducation nationale s’engage enfin en faveur de l’égalité professionnelle et dans la lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles, une enseignante se voie refuser un avis "Excellent" dans le cadre de son évaluation professionnelle au motif de sa condition de femme.
Rappel des faits :
– Septembre – Un principal du Nord refuse d’attribuer un avis "Excellent" à une collègue, malgré une pratique professionnelle irréprochable, au motif que des absences liées à sa grossesse le « gavent ».
L’administration, si coutumière du « pas de vague », aurait pu tenter de calmer le jeu en réévaluant à la hausse l’avis porté, après un premier recours gracieux motivé par les propos tenus à son égard.
– Janvier - Pas du tout ! Après une fin de non-recevoir à ce recours gracieux et saisie par la collègue, la CAP compétente s’est réunie. Là encore, l’administration aurait pu clore cette affaire en donnant gain de cause à la collègue soutenue par les commissaires paritaires du Snes-FSU. Non, la présidente de la CAPA, qui a découvert la situation en pleine instance, a préféré « suspendre » le dossier, pour l’étudier avec la rectrice, quitte à reconvoquer l’instance paritaire. Ne recevant aucune nouvelle du rectorat, les militant.e.s du Snes-FSU ne cessent d’interpeller l’administration.
– Mars - De son côté, la collègue sollicite un rendez vous auprès de la DRH pour faire part de ses difficultés, ainsi que des discriminations dont elle s’estime victime depuis sa dernière grossesse. Nouvelle fin de non-recevoir justifiée par la tenue d’une nouvelle CAPA début mai… reléguant ainsi le préjudice à une simple question d’évaluation. Grâce à sa persévérance et au soutien du Snes-FSU, elle obtient finalement son rendez-vous, pensant naturellement gagner enfin le soutien de son administration. Malgré les multiples courriers et alertes adressés à tous les échelons du rectorat, elle est reçue par des personnels affirmant ignorer tout du dossier. Comment la RH de proximité peut-elle ne pas être au courant de la situation ? Comment est-il possible que suite à son premier recours, les services n’aient toujours pas pris attache de la collègue pour l’accompagner et la protéger ?
– Mai - Nouveau rendez-vous (toujours à sa demande !) obtenu par la collègue qui, accompagnée du Snes-FSU, finit par arracher douloureusement cet aveu : il y aurait peut-être eu un « couac » dans la gestion du dossier. Mais le rectorat persiste, d’une part, à refuser la reconnaissance d’une discrimination dont elle aurait été victime et, d’autre part, à chercher des excuses à son manager de chef, manifestement peu sensibilisé à l’égalité professionnelle hommes/femmes.
– 9 mois après le rendez-vous de carrière de la collègue, nouvelle CAPA qui aboutit à un accouchement dans la douleur !Les interventions des commissaires paritaires et la pugnacité de la collègue ont permis d’obtenir gain de cause - avis final « excellent » - et de désavouer ainsi le chef d’établissement. Ce cas n’est malheureusement pas isolé. De nombreux témoignages révèlent les difficultés des femmes à faire valoir leurs droits et à être respectées dans leur environnement professionnel. Pour chacune de ces situations, les militant.e.s du Snes-FSU ne cessent d’accompagner et de défendre ces femmes pour le respect de leurs droits, et pour que l’égalité professionnelle ne soit pas qu’une publicité de façade affichée par notre administration.
– L’évaluation : pour le Snes-FSU l’évaluation ne doit pas être discriminante et doit porter sur les missions statutaires exercées sur l’ensemble de la carrière.
– La RH de proximité : telle qu’elle est conçue, elle ne répond pas aux besoins d’accompagnement, mais est instrumentalisée pour aider les chefs d’établissement à mettre au pas les personnels. Les réponses apportées sont administratives, déshumanisées et déconnectées de la réalité du terrain. Le Snes-FSU continuera de dénoncer ces orientations politiques nuisibles aux personnels, au service public d’éducation et plus largement à la lutte contre toutes les formes de discriminations en milieu professionnel.
Maeva Bismuth