L’égalité femmes/hommes est un principe constitutionnel (et même, sans rire, une « grande cause du quinquennat » d’E. Macron), pourtant, en pratique, on en est loin dans la fonction publique et particulièrement dans l’Éducation nationale, ministère dont 72% des personnels sont... des femmes.
En quelques chiffres
Les enjeux sont considérables, avec des écarts de salaire de 12%, de pension de retraite de 42% en défaveur des femmes (qui partent pourtant en moyenne un an plus tard que les hommes). Comment expliquer cela alors que le statut est garant de l’égalité ?
D’une part, le poids de la rémunération indemnitaire augmente de plus en plus, or dans le second degré, les hommes perçoivent en moyenne 27 % de primes de plus que les femmes (IMP, HSA, ISOE part variable...). D’autre part elles accèdent moins souvent aux catégories mieux rémunérées (chez les enseignant.e.s elles représentent 62% des certifiée.e.s mais 47.7% des agrégé.e.s) et leurs progressions de carrière et promotions sont beaucoup plus lentes (72.9% des CPE sont des femmes mais elles ne représentent que 65% des promu.e.s à la classe exceptionnelle). Enfin, elles sont plus souvent à temps partiel - donc avec un salaire partiel (pour les enseignant.e.s des collèges et lycée, 9% des hommes sont à temps partiel contre 16.3% des femmes). Si l’on prend le cas des AESH (90% de femmes) pour lesquels le Snes avec la FSU demande des mesures d’urgence salariale, il y a à la fois indice salarial faible (équivalent du SMIC) et temps partiel imposé.
Par ailleurs, le ministère pourra-t-il encore longtemps faire l’impasse sur la question des violences sexistes et sexuelles au sein de l’Éducation nationale ? On sait que, dans l’ensemble de la population active, 80% des femmes sont confrontées régulièrement à des comportements sexistes au travail, et 70% d’entre elles n’en parlent pas à leur employeur. Une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle. Et dans l’Éducation nationale ? Pas de données, pas d’enquêtes, pas de campagne de prévention ou de sensibilisation... Silence dans les rangs !
Égalité professionnelle : exigeons-la
Le ministère de l’Éducation nationale, sous la pression constante de la FSU, a enfin présenté à la mi-décembre son plan national d’action en faveur de l’égalité professionnelle pour 2021-2024. Le travail de déclinaison académique va démarrer. Il est indispensable que la profession exige une mise en œuvre ambitieuse de ce plan : transparence des rémunérations, des heures supplémentaires et des IMP, opportunités nouvelles pour les évolutions de carrière. Sans oublier, évidemment, la fin de l’inaction face aux violences sexistes et sexuelles, qui n’épargnent pas notre ministère. Le Snes de Lille intervient sans relâche dans les instances (CTA- CHSCTA) et porte les aspirations de la profession en terme d’égalité professionnelle. Par ailleurs, il forme ses militant.e.s à l’écoute et l’accompagnement des victimes de violence au travail : n’hésitez pas à nous contacter.
Au-delà du 8 mars, brisons le silence, dénonçons les inégalités et les violences !
Ludivine Debacq