La période qui s’ouvre ne ressemblera pas à celle que nous avons subie depuis 2017. D’abord, le discrédit de la politique éducative incarnée par Jean-Michel Blanquer est définitivement acté. Les échecs et les méfaits de ses réformes constituent un héritage encombrant et visible : question du tronc commun sans mathématiques dans la réforme du lycée, désorganisation liée au calendrier du bac, etc. Sans compter la baisse historique du nombre de candidat.e.s aux concours, résultat du déclassement salarial accentué sous la présidence Macron. Il y a ensuite l’émergence d’une dynamique sociale et politique inattendue, construite sur le refus des politiques néolibérales. Cet élan est un atout précieux puisque l’ancienne majorité parlementaire est reconduite mais avec une majorité relative : pourra-t-elle mettre en œuvre de nouveaux reculs sociaux tambour battant ?
Difficile de mener de front une nouvelle réforme des retraites, la mise en place d’une « École du futur » et d’un « Pacte » dont l’objectif est de diviser la profession ! Et tout ceci en maintenant l’objectif de réduire la dépense publique au nom de la règle européenne des 3% ! Il y a bien de quoi mettre le feu aux poudres !
Devant la période de grande incertitude qui s’ouvre, la stratégie présidentielle serait désormais de brouiller les pistes et d’afficher une nouvelle « méthode ». Macron a ainsi annoncé la naissance d’un « conseil national de la refondation », en référence au Conseil National de la Résistance (1943)… la résistance et le programme social en moins. Il a nommé un ministre au style consensuel… qui a rapidement annoncé de « grands débats » dans les établissements dès la rentrée. 2022 n’est pas une fin, mais un commencement pour celles et ceux qui ont le service public d’éducation, l’attachement à leur métier et à la réussite de leurs élèves chevillés au corps. Toutes et tous ont pleinement conscience désormais que la convergence des luttes, si elle devait s’imposer, est possible.
Jean-François Carémel