Au lycée, JM Blanquer se sera évertué, en 4 ans, à dévaloriser totalement l’examen du bac, et à mettre sous pression continue les évaluateurs que nous sommes en permettant la remise en cause de toute note, en autorisant toutes les pressions de la hiérarchie, en abrogeant la frontière entre évaluation formative et certificative, en ne laissant plus le temps aux élèves et aux professeurs d’apprendre sans la pression de l’examen. D’aucuns semblent découvrir les méfaits du contrôle continu qu’ils ont plébiscité dès son instauration par le MEN et imaginent toutes sortes de stratagèmes pour les pallier. Qu’il s’agisse des pressions à peine déguisées ou du plan local d’évaluation imaginé par le ministre, dans tous les cas les collègues sont placés sous contrôle.
Harmoniser les évaluations est un objectif légitime lorsqu’il s’agit du baccalauréat et des épreuves terminales.
Cependant, nous nous trouvons dans une impasse pédagogique lorsqu’il s’agit du contrôle continu : la confusion entre évaluations formative et certificative engendrée par le contrôle continu nous conduirait à standardiser une évaluation, qui par nature ne peut pas l’être puisqu’elle est pensée par les experts pédagogiques que nous sommes, au sein de nos classes, en fonction de nos progressions et de nos élèves, pour aboutir à une évaluation finale, nationale... qui a disparu. L’objectif est donc sans doute davantage de nous contraindre à subir des décisions qui pèseront sur l’exercice de nos métiers afin de mieux nous piloter.
D’autant qu’harmoniser au seul niveau de l’établissement ne permet pas de trouver des règles identiques sur tout le territoire (alors que l’enjeu est là !) ; au contraire, cela peut même inciter à une différenciation croissante des exigences (affichées), très en phase avec la concurrence entre établissements renforcée par Parcoursup.
Mais ni le conseil pédagogique ni le CA n’ont autorité pour contraindre un.e enseignant.e à des pratiques pédagogiques ou d’évaluation, fussent-elles collectives, et le passage au contrôle continu pour les disciplines de tronc commun n’y change rien.
A ce titre, nous conseillons de faire en sorte que le plan rappelle
=> que le code de l’éducation, dans son article L912-1-1, garantit notre liberté pédagogique : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006525569
=> que l’évaluation est l’apanage des professeurs et qu’elle ne peut être remise en cause par qui que ce soit.
Les prescriptions sur le nombre de devoirs ou leurs modalités, très dangereuses, sont à éviter. Tout doit être fait pour protéger les collègues des pressions d’où qu’elles viennent. Chacun.e peut veiller à ce que le plan ne déborde pas du cadre légal de notre statut, en participant en masse aux conseils pédagogiques, en y présentant notre vision de l’évaluation, et en refusant au CA toute tentative de contraindre les enseignant.e.s. Le Snes-FSU national a mis en ligne un guide syndical (https://www.snes.edu/article/controle-continu-projet-evaluation-guide-syndical/) pour faire face à ce plan, n’hésitez pas à l’utiliser et à nous contacter si vous rencontrez des difficultés face à la hiérarchie !
Sarah Chaudesaigues et Odile Deverne