Donner le goût de la lecture, c’est l’objectif initial du dispositif « Silence on lit ! », c’est ce qui a séduit les collègues qui s’en sont emparé. Avoir du temps pour lire : une aubaine, quand les heures d’enseignement en primaire, ne cessent de diminuer. Cette rentrée encore, l’activité physique quotidienne occupera une demi-heure par jour, et les horaires de français en collège sont réduits comme peau de chagrin depuis 40 ans.
Une attaque contre les disciplines et le métier
Mais voilà, ce dispositif ampute encore les heures d’enseignement ou augmente le temps de présence des personnels. Il se retourne contre les disciplines et y compris celle qu’il est censé mettre en avant : comme si tout le monde avait l’expertise reconnue des professeurs de Français.
Un levier de néomanagement
Le ministre, la rectrice, les chefs d’établissement transforment le projet en injonction. On prétend généraliser le dispositif sous couvert d’autonomie et à coup d’IMP, comme pour le laboratoire de
mathématiques et la méthode « Lego ». Concernant « Silence on lit ! », on pourrait penser que ce n’est rien d’autre qu’une marotte d’IPR missionnés pour imposer le projet en faisant pression sur les professeurs documentalistes. Mais à travers ce genre de dispositif, et leur imposition autoritaire, c’est notre liberté pédagogique et les horaires d’enseignement réglementaires
qui sont attaqués. Comme s’il suffisait de l’ordonner pour que chaque élève ait accès à la lecture plaisir. Pour donner le goût de lire aux élèves, il faut une dotation horaire permettant des heures en groupe à effectifs allégés pendant lesquelles les professeurs de Français pourront faire de la lecture un véritable plaisir pour les enseignant.es et les élèves.
Magali Laumenerch