La notion de « dialogue social », souvent galvaudée, renvoie en fait à une forme institutionnalisée des relations entre la société et l’État (et ses représentant.e.s) par le biais des corps intermédiaires que sont les associations et les organisations syndicales – entre autres - au travers d’instances définies par la loi. Ce dialogue social - qui, bien sûr, ne doit pas exclure le conflit - est un ingrédient de la cohésion sociale. Mais nous assistons à une dégradation de ce dialogue, non du fait d’acteurs locaux qui refuseraient de le mettre en œuvre... mais d’une volonté, au plus haut sommet de l’État, de passer outre les corps intermédiaires. Il s’agit de substituer à la réflexion collective la parole d’un seul qui détiendrait la vérité ou la solution (qu’il s’agisse du manager ou du chef de l’État), de s’adresser non pas à des groupes sociaux mais à des individus qu’on culpabilise en les rendant responsables de leur chômage, de leurs difficultés au travail, de leur salaire insuffisant, de leur affectation... En individualisant la gestion des carrières, du mouvement (postes profilés...), en
instaurant des primes (au « mérite ») plutôt que de généraliser des augmentations grâce au dégel du point d’indice, en supprimant les CAPA et donc toute transparence dans l’attribution des postes, l’État fait le choix d’instaurer la concurrence entre des individus afin de mieux les soumettre et espère ainsi tuer toute contestation collectivement organisée.
Cela se décline à tous les niveaux : national - où des « Grenelle » font office de dialogue social et où les annonces du président, comme à Marseille, semblent sorties de nulle part ; académique – où les organisations syndicales ne sont plus qu’informées après coup, et non plus consultées ; et local - où le chef d’établissement devient le seul maître à bord, notamment au CA où désormais il pourra décider seul de l’ordre du jour.
Mais c’est sans compter sur la vigilance et la détermination de ces mêmes organisations syndicales. Au Snes-FSU, nous ne nous en laissons pas conter et c’est sans relâche que nous continuons à interpeller l’État avec tous les moyens dont nous disposons : dans les instances, dans les médias, par des pétitions, des grèves et dans la rue. Nous ne nous résignerons jamais à nous taire ou à flatter servilement les uns et les autres. Nous nous résignons d’autant moins que grâce à vos nombreuses adhésions, vos nombreux retours, nous sommes plus forts et l’État le sait. Face à la volonté d’individualisation et de division pour mieux régner, opposons la force du collectif !
Odile Deverne