Le premier ministre a annoncé mi-juillet « une nouvelle méthode » pour mener à bien la réforme des retraites, suspendue mi-mars après son adoption en première lecture à l’assemblée.
Or le 7 août, une loi organique a permis une reprise de dette par la CADES (Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale) de 136 milliards d’euros, dont 92 milliards au titre des déficits sociaux prévisionnels 2020-2023, faisant du même coup peser sur les les personnes en activité et les retraité.e.s, via la CRDS de 0,5%, son remboursement jusqu’en 2033. Toute décision politique à venir visant à réduire le montant des pensions et/ou augmenter la durée de cotisation afin de bénéficier d’une retraite à taux plein, au prétexte de résorber le déficit du système de retraite ne serait qu’une nouvelle attaque cynique contre les droits sociaux.
Pourtant fin août, Jean Castex commande au COR – conseil d’orientation des retraites – un rapport sur la situation financière du système des retraites, pour analyser l’évolution des déficits et chiffrer les efforts pour les résorber. Dès juin, le COR avait effectué une première estimation autour de 30 milliards d’euros de déficit pour le système de retraite, dont les deux tiers liés aux conséquences de la crise sanitaire - la baisse des cotisations sociales et le chômage - le dernier tiers résultant des baisses ou exonérations de cotisations sociales patronales. Le 3 septembre, sur RTL, pour le premier ministre, « il n’est pas question de mettre la poussière sous le tapis au sujet des retraites ». Il annonce ainsi la tenue d’une nouvelle « conférence de dialogue social » en octobre et une réforme repoussée pour l’instant à 2021.
Plus que jamais la vigilance s’impose face à un gouvernement qui martèle : « cette réforme, nous la ferons ». Ainsi B. Le Maire, sur France Inter le 29/09, a tenu à dire que la dette liée à la crise sera remboursée, entre autre, par des réformes « indispensables, la 1re d’entre elles étant la réforme des retraites ».
Eric Duflos pour le secteur « Retraites »