Une trame possible d’intervention pour la pré-rentrée, proposée par le secrétariat académique du Snes-FSU.
Un bilan assez exhaustif à amender/adapter/réduire si nécessaire !
Cette rentrée 2021 est, après deux années marquées par la crise sanitaire, placée sous le signe de l’ espoir.
« Les mauvais jours finiront », c’était le titre du bulletin académique du SNES FSU du mois de juin dernier. C’est bien le souhait que nous formulons pour tout le monde de l’Éducation et plus globalement pour notre société en cette rentrée.
Espoir en effet de voir rapidement un changement radical de la politique éducative dirigée par ce gouvernement et son ministre. Jean Michel Blanquer n’a pas failli pour sa 5e et peut être dernière rentrée rue de Grenelle : pour lui à nouveau la rentrée sera tout à fait « normale ».
Comment tirer un trait sur ces derniers mois en oubliant tant de bonnes résolutions (« je veux être le ministre des profs », « je serai le ministre du pouvoir d’achat », « je mettrai en place un bac plus efficace et plus juste, moins stressant »…) et en ne tirant pas le bilan désastreux d’abord de la gestion par le ministre de la crise sanitaire dans l’Éducation ?
Une gestion calamiteuse de la crise sanitaire
Celui qui a érigé l’impréparation permanente ou l’improvisation continue en dogme se targue aujourd’hui d’avoir pensé à tout en nous proposant un protocole sanitaire précis mais en oubliant totalement de préciser les seuils et les indicateurs qui obligeraient à passer d’un niveau à l’autre, en oubliant qu’il aurait été nécessaire de lancer un vaste plan d’équipement des établissements pour travailler à la ventilation des salles, en refusant de reconnaitre que des effectifs moins chargés dans les classes ou à la restauration, le retour à un véritable groupe classe en lycée seraient les meilleurs moyens de se prémunir de nouvelles contaminations en série.
JM Blanquer reste le seul à penser que les établissements sont des lieux épargnés par la contamination en dépit des chiffres et des études qui ont depuis deux ans démontré le contraire.
Force est de constater qu’à nouveau les questions sanitaires risquent malheureusement de nous occuper en cette rentrée et de perturber le fonctionnement des établissements alors que le SNES-FSU n’a cessé depuis plus d’un an de faire des propositions pour qu’on n’en soit pas là. Le SNES-FSU a toujours été dans une démarche responsable pendant la crise sanitaire, alertant sur les problèmes à venir, travaillant avec des scientifiques, dès novembre 2020, évoquant des capteurs de CO2 et les problèmes d’aération de salles, pendant que le ministre était enfermé dans une forme de déni de réalité. Lutter contre le virus dans les établissements passe aussi par des moyens humains supplémentaires pour dédoubler plus de classes, pour renforcer les personnels de vie scolaire (CPE, AED) ou de médecine scolaire (médecins, infirmières…) alors qu’on va leur demander, de gérer « l’éviction des élèves non vaccinés », terme pour le moins choquant, d’engager et de gérer un vaste plan de vaccination en plus de leurs charges habituelles.
Nous voulons aussi rappeler que rien pour nous ne peut remplacer un enseignement en présentiel, dans de bonnes conditions d’effectifs, et que l’enseignement dit « hybride » ou à distance n’est en rien équivalent. De même les expériences de sédentarisation des classes ont généré beaucoup de fatigue chez les personnels, sans aucune efficacité sanitaire démontrée.
Un bilan éducatif marqué par l’austérité budgétaire
L’heure également du bilan en termes de politique éducative : JM Blanquer est responsable d’un affaiblissement sans précédent de l’École et a déçu amèrement celles et ceux qui auraient pu croire dans la parole ministérielle.
En termes de moyens cette rentrée, ce seront à nouveau 1883 postes d’enseignants supprimés pour le second degré, pour 36500 élèves de plus. Depuis 2017, les budgets de l’actuelle majorité ont acté la suppression de 7 490 emplois alors que les effectifs augmentaient de 63 662 élèves. Pour simplement garder le taux d’encadrement de 2017, il aurait fallu créer 7 564 emplois. Aujourd’hui le déficit, au regard du taux d’encadrement de 2017, est donc de 15 054 emplois.
Aucune création de poste de CPE, de psy EN, d’assistants sociaux, d’infirmières et d’agents administratifs. A tous les niveaux cela se traduit par des effectifs plus chargés dans les différents groupes d’enseignements de la 6e à la Terminale, alors que les effectifs augmentent ; partout cela veut dire des charges de travail, de suivi plus conséquentes et la sensation pour tous les acteurs de l’éducation de ne plus avoir de temps pour exercer son métier dans de bonnes conditions, de ne plus maitriser les choses. L’épisode catastrophique de l’organisation des examens de juin 2021 démontre plus que jamais ce qu’il en coûte de mettre la pression sur les personnels et de supprimer les postes dans les services administratifs des rectorats. 20 postes vacants au service des examens du rectorat de Lille, triste réalité et élément d’explication des si nombreux dysfonctionnements que tous ont subis lors du bac ou du brevet.
En lycée : la réforme quoi qu’il en coûte à nos métiers et à l’égalité entre les élèves
Au lycée, JM Blanquer se sera évertué, en 4 ans, à dénaturer nos enseignements, à remettre en cause toute cohérence dans les parcours de formation, à dévaloriser totalement l’examen du bac, à mettre sous pression continue les évaluateurs que nous sommes en permettant la remise en cause de toute note, en autorisant toute les pressions de la hiérarchie sur les notes, en abrogeant la frontière entre évaluation formative et certificative, en ne laissant plus le temps aux élèves et aux professeurs d’apprendre sans la pression de l’examen.
Le SNES-FSU combattra toutes les tentatives de mise en place de projet locaux d’évaluation qui iraient à l’encontre de notre liberté pédagogique et qui, un peu plus encore nieraient le caractère national des examens.
Cette année encore, Le SNES-FSU ne laissera pas les collègues subir des pressions de leur hiérarchie sur les méthodes d’évaluation de leurs élèves qui contreviendraient à la liberté pédagogique pourtant garantie par la Loi. Ni le Conseil Pédagogique ni le CA n’ont autorité pour contraindre un enseignant à des pratiques pédagogiques ou d’évaluation, fussent-elles collectives, et le passage au contrôle continu pour les disciplines de tronc commun n’y change rien. Si la disparition des Épreuves Communes a été très majoritairement accueillie avec soulagement, le contrôle continu ne propose qu’une alternative discriminante pour les élèves et très contraignante pour les enseignants. Mais qui ne coûte pas cher par rapport à l’ancien bac, les enseignants n’étant plus rémunérés pour des épreuves.
En collège : derrière la "confiance", la politique du chiffre
Pendant qu’en lycée le Ministre s’évertue à dévaloriser l’examen du bac et maintient une réforme qui aggrave les inégalités et désorganise les établissements, nous subissons nous aussi les conséquences de choix éducatifs régressifs pour nos métier et nos élèves. Rappelons que le Ministre a maintenu pour l’essentiel la réforme du collège et l’a même amplifiée en créant des options non financées qui mettent en concurrence les disciplines. Dernier exemple en date, "français culture antique en 6e" : c’est ce qu’il appelle la confiance et "l’autonomie", au collège comme au lycée. Une autonomie de façade pour gérer la pénurie de moyens quand les effectifs augmentent, une pénurie qui empêche de réussir l’inclusion des élèves à Besoins Éducatifs Particulier, une pénurie qui menace l’existence même de l’éducation prioritaire, alors que le ministre a créé des établissements internationaux pour l’élite. Une pénurie qui justifie d’imposer 2 HSA et d’alourdir encore la charge travail.
C’est au nom de cette prétendue autonomie qu’il faudrait maintenant "s’autoévaluer", c’est à dire s’engager par contrat à rendre des compte sur nos pratiques pédagogiques comme si nous n’étions pas des professionnel.le.s qualifié.e.s ; s’engager à atteindre des objectifs pour être performants ... et donc admettre que la réussite des élèves n’est pas une question de moyens et de choix politiques, mais de la seule responsabilité des équipes.
Après 4 ans de réforme, l’École publique est-elle plus juste, plus "efficace" ? A-t-elle permis à nos jeunes d’être mieux armés pour la poursuite d’études ? le SNES-FSU l’avait dénoncé dès le départ, toutes ses réformes qui avaient comme unique objectif d’économiser de l’argent public et de mettre au pas les enseignants avec comme conséquence, un enseignement moins ambitieux et plus inégalitaire.
Une nouvelle rentrée sous le signe de la verticalité et du refus de démocratie
Après avoir supprimé les commissions paritaires et leur rôle de contrôle des opérations de mouvement et de carrière, la politique ministérielle veut réduire le dialogue social au minimum et a aussi la volonté affichée de renforcer la hiérarchie locale au nom de "l’autonomie".
Par la réforme des conseils d’administration (ordre du jour, réforme de la commission permanente) dont la vocation d’être un lieu d’échange et de démocratie sociale est remise en cause, par la volonté de renforcer leur rôle dans l’évaluation, le recrutement des personnels et donc de revenir sur les acquis de la réforme PPCR (poids des « managers locaux » minoré et réduction de la place de l’arbitraire dans les promotions, Hors-Classe pour toutes et tous).
Pilotage du système par l’autoévaluation des établissements, des contrats locaux d’accompagnement, par la volonté de peser à travers ces dispositifs sur les pratiques d’enseignement et l’instauration de la seule évaluation par compétences pour évacuer les savoirs disciplinaires et l’expertise de enseignant.e.s.
Le SNES-FSU continuera de s’opposer avec les personnels à tout ce qui remet en cause notre rôle d’expertise autonome dans la conception et l’évaluation de notre enseignement mais aussi à tout ce qui contribue à casser l’unité du système éducatif sur le territoire.
4 ans de mépris salarial
Il voulait « être le ministre des professeurs » , oubliant dès le départ des CPE, PsyEN, AED et AESH ... : après 4 ans de JM Blanquer, les profs français continuent d’être parmi les moins bien payés de l’OCDE. Qui pourra croire les opérations de communication menées dans les médias pour mettre en avant la prime d’attractivité mensuelle de 57 euros dont vont bénéficier certains collègues. N’oublions pas la très généreuse prime informatique de 150 € en février dernier et surtout le fait que la première tranche de la prime d’attractivité, excluait 66 % des personnels, et que la seconde tranche en exclura 42% ... Refus d’augmenter la valeur du point d’indice, refus d’engager une loi pluriannuelle de programmation, refus au final de mettre en œuvre des mesures à la hauteur du déclassement salarial et des enjeux de recrutement. Pas étonnant que notre métier ne soit plus attractif et que les postes au concours continuent de ne pas être pourvus.
La revalorisation maintes fois évoquée n’est toujours pas là. Ce n’est pas avec de grandes déclarations qu’on va revaloriser nos professions mais avec des actes et, sur les salaires, comme sur bien d’autres points, les actes ne correspondent pas aux grandes déclarations du ministre. Le SNES et la FSU continuent de se battre pour un véritable plan d’urgence pour l’éducation, qui doit permettre notamment la création de postes d’enseignant.es, mais aussi de CPE, AED, AESH, de PsyEN, de personnels administratifs, techniques, santé et sociaux.
Pouvoir d’achat en baisse continue et ce ne sont pas nos évolutions de carrières qui compenseront : du côté de la hors classe, si le SNES-FSU a obtenu avec le PPCR que tous accèdent à la hors classe de plus en plus tôt dans la carrière, le risque est grand de voir les promotions, désormais établies en l’absence du regard paritaire de personnels élus, confiées à la hiérarchie locale sur des critères et des objectifs locaux ... définis à l’issue d’une "autoévaluation" ; peu d’espoir aussi du côté de la classe exceptionnelle qui reste fermée à un tout petit pourcentage de collègues sur des critères souvent injustes et discriminants, notamment dans le vivier 2.
Le mépris du gouvernement vis à vis des enseignants s’illustre parfaitement sur la question des salaires et des carrières : n’oublions pas qu’un jeune enseignant certifié après un bac +5 et un concours exigeant commence à 1451€ nets.
Quant aux retraites, Le SNES-FSU qui a pris toute sa part dans le combat victorieux contre la retraite par points, continuera à vous informer et à vous alerter dans les mois qui viennent si une dégradation du système actuel était envisagée via la Loi de Financement de la Sécurité Sociale, pour reculer l’âge de départ ou augmenter la durée de cotisation nécessaire pour le taux plein.
Le point sur la réforme des concours de l’enseignement, de la formation et mise en place du dispositif contractuel alternant :
La réforme de la formation et des concours, qui est mise en œuvre en cette rentrée 2021, témoigne d’une vision du métier à l’opposé de notre projet :
– Concours en fin de M2 à partir de la session 2022, baisse du nombre de postes offerts, réduction de l’évaluation des savoirs disciplinaires par la création d’une épreuve orale non anonyme, sans contenu disciplinaire, didactique ou pédagogique, et ressemblant fortement à un entretien d’embauche, visant à évaluer la « motivation du candidat » et sa capacité à « s’approprier les valeurs de la République, à faire connaître et partager ces valeurs »
– Formation professionnalisante en M2, réduction de la formation disciplinaire au profit d’apprentissages par la pratique avec la mise en œuvre dès la rentrée du dispositif « étudiant contractuel alternant » : affectation des étudiants en M2 préparant le concours en responsabilité à 1/3 temps, sous contrat « étudiant alternant », payé 660€ net / mois et suivis par des tuteurs rémunérés 600€ à l’année.
– Année de stage à temps plein après réussite au concours
Autrement dit, une entrée dans le métier précarisée, une formation et un concours axés sur la pratique et l’imitation, au détriment de la réflexion disciplinaire. Bien loin des mandats que nous défendons pour une entrée progressive et accompagnée dans la réalité du métier, une formation ambitieuse ancrée dans la recherche et une formation continue de qualité.
En cette rentrée, nous serons particulièrement vigilants aux conditions de travail de nos nouveaux collègues alternants qui devront articuler leur année de master 2 à une affectation en qualité de non titulaire à tiers temps. Encore non lauréats des concours, ce cumul de la préparation du concours, du master et d’un contrat d’enseignant à tiers temps et en pleine responsabilité pourrait vite s’avérer intenable pour eux, avec les conséquences possibles à la fois sur les élèves dont ils auront la charge mais aussi sur leur propre réussite au concours.
Pour résoudre une partie des problèmes posés par cette réforme, afin de permettre aux étudiants qui le souhaitent d’observer les pratiques professionnelles sur le terrain et d’offrir aux élèves un enseignement assuré par des personnels qualifiés et formés, les SNES-FSU demande à ce que ces étudiants alternants soient affectés en surnombre sur le service de leur tuteur, et ne soient pas utilisés comme moyens d’enseignement en responsabilité devant les élèves.
Dans ce contexte où les menaces contre nos métiers et nos conditions de travail ne manquent pas, dans ce moment où nous sommes nombreux à assister au délitement de nos métiers, où chacun perçoit une vraie perte de sens et de motivation, se syndiquer au SNES-FSU c’est avoir la certitude d’être accompagné, conseillé et défendu.
C’est rejoindre un syndicat majoritaire combattif attaché à la transformation de notre société.
Sans syndiqués, il n’y a plus de syndicats… Il n’y à plus de contre-pouvoirs capables de s’opposer collectivement, de nous rassembler, d’être force de proposition pour porter une autre vision de l’éducation ambitieuse et émancipatrice pour nos jeunes.
N’hésitez pas à venir nous rencontrer ! Nous organiserons rapidement une première réunion syndicale puis régulièrement des heures d’informations syndicales. Par ailleurs, la section académique du SNES-FSU à d’ors et déjà programmé des stages (voir le site académique du SNES-FSU) Y participer est un droit pour tous.
Bonne rentrée à tous !