La 3e République de Jules Ferry a institué une période de « grandes vacances » entre le 14 juillet et la mi-octobre pour que les enfants des familles paysannes puissent aider leurs parents aux travaux
des champs et des vignes. Seuls les enfants des classes bourgeoises avaient alors le loisir de voyager ou de se reposer.
Avec le Front Populaire en 1936 et les congés payés, les vacances prennent une autre dimension aussi pour les enfants des classes populaires : des organisations syndicales comme la CGT, les municipalités communistes ou socialistes et les mouvements d’éducation populaire comme les Auberges Jeunesse ou la Fédération des Œuvres Laïques de Jean Macé, transforment le temps des vacances en un temps de découverte, d’ouverture sur le monde et sur les autres. Dans le même esprit, la législation de la Libération met en place des comités d’entreprise, financés par un prélèvement sur la masse salariale, et permet ainsi le développement de « colonies de vacances » à l’image, dans le Bassin Minier, du centre de La Napoule. Les églises ont, elles aussi, tenté d’occuper ce terrain avec les patronages tout comme certaines organisations plus marquées par des idéologies conservatrices issues du scoutisme par exemple.
Mais avec le développement de la société de consommation, ce sont surtout des acteurs privés qui se lancent à la conquête de ce nouveau marché du loisir au point qu’aujourd’hui le calendrier des vacances scolaires est d’abord un enjeu de gros sous pour les stations de sports d’hiver, l’industrie hôtelière et les entreprises du
tourisme avant d’être un enjeu de bien-être pour les enfants.
L’idée de « vacances pendant lesquelles on continue à apprendre » n’est pas nouvelle, on le voit. Mais le dispositif promu par JM Blanquer, avec force mise en scène et « selfies » (Jean-Michel fait du kayak, Jean-Michel fait de l’escalade...), mélange les genres en se présentant comme un outil de remédiation scolaire, d’une part, et en favorisant une intervention aux contours flous d’acteurs privés dans un cadre « Education nationale ».
Olivier Mathieu