Le 25 janvier 2024, le CREFOP Hauts-de-France (comité régional de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelle) s’est prononcé sur l’évolution de la carte des formations professionnelles sous statut scolaire dans les lycées professionnels et les lycées avec sections de BTS pour la rentrée de septembre 2024.
Depuis 2019 et la libéralisation de l’apprentissage, cette consultation ne porte que sur les formations sous statut scolaire dans le public et le privé, sont exclus toutes les formations par apprentissage laissées au « marché ». Dans ce marché, l’Education nationale représente moins de 10% des apprentis.
Les évolutions arrêtées s’inscrivent pleinement dans les orientations gouvernementales : instrumentalisation des lycées professionnels, dogme du 100 % d’insertion professionnelle, renoncement à l’ambition d’accès à la qualification pour une partie croissante de la jeunesse la plus en difficulté, vision à court terme, adéquation formation/emploi par réorientation des flux d’élèves, développement de l’apprentissage et des formations privées au détriment du Service Public.
A noter que de février à fin mars 2024, les établissements scolaires seront consultés pour l’évolution pluriannuelle des formations (fermeture ou ouverture de formations professionnelles pour les années 2025-2028). Les personnels devront être associés à cette consultation qui s’inscrira dans les objectifs définis par le rectorat et la région en lien avec les besoins locaux des entreprises.
Pour la FSU et le SNES-FSU, tous les personnels doivent être associés et le conseil d’administration doit être également consulté.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration de la FSU qui développe ses analyses sur les réformes en cours, la destruction à l’œuvre du lycée professionnel et la remise en cause des formations de BTS.
Etant donné le cadre dans lequel s’inscrit la nouvelle carte des formations professionnelles et les évolutions proposées, la FSU a voté contre.
En dehors de l’Etat ( préfecture et rectorat) et des représentants de la région Hauts-de-France, les organisations syndicales de salariés (CFDT, FO, CFTC, CFE-CGE et UNSA) et patronales se sont abstenues arguant du fait que les documents proposés étaient insuffisants ( manque du taux de remplissage des formations, du taux d’insertion, des besoins des entreprises sur le territoire envisagé …). De plus, elles n’avaient pas été associées au travail de constitution de cette carte des formations professionnelles
Les organisations patronales ont estimé que l’Education nationale ne prend pas en compte l’urgence des besoins des entreprises. Ainsi elles ne retrouvaient pas les formations pour le canal Seine-Nord ou les giga-factories du dunkerquois.
Le rectorat a expliqué avoir mis en place de nouvelles formations dans le dunkerquois pour répondre aux besoins des entreprises et poursuivre le travail sur le canal Seine Nord.
La FSU a répondu que les adaptations à l’emploi se font surtout par le développement de l’apprentissage non visible dans la carte étudiée ce jour au détriment de la formation en lycée. De plus, les personnels sont engagés pour ouvrir de nouvelles formations mais le rectorat et la région limitent ces évolutions par manque de moyens. De plus, la FSU a expliqué que les nombreuses réformes dans l’Education épuisent les personnels et diminuent la qualité de la formation.
Les organisations patronales estiment que l’Etat ( le rectorat) ne va pas assez vite pour mettre en œuvre l’adaptation du service public d’Education pour répondre aux besoins des entreprises. Elles voudraient avoir des indicateurs clairs pour savoir si l’Education nationale ne maintient pas des formations coûteuses non-insérantes et non remplies.
Pour illustrer son propos, une organisation patronale s’est focalisée sur l’ouverture du CAP « Agent accompagnement du Grand Âge ». Y a-t-il vraiment des besoins sur ce territoire d’autant qu’ils existent déjà des formations (dans le privé ) et que selon les chiffres de Pôle Emploi, pour un poste proposé, 18 demandeurs d’emploi sont susceptibles de prendre cet emploi ?
Le rectorat a répondu que cet établissement répondait à toutes les exigences de qualité et que la demande étaient forte d’autant plus si la population augmente en raison de l’activité économique.
La représentante de Pôle Emploi a expliqué que les chiffres sont corrects mais cache une réalité tout autre : la très grande majorité des salariés de cette branche sont à temps partiel donc restent considérés comme demandeurs d’emploi et les horaires d’intervention ne permettent pas de cumuler plusieurs temps partiels. De plus, un demandeur d’emploi reste affiché dans ce domaine tant qu’il n’a pas trouvé un emploi dans un autre secteur.
Pour la FSU, cet exemple montre que la réponse adéquationniste aux besoins des entreprises est une vision courtermisme. Les entreprises doivent revalorisées les salaires et revoir les conditions de travail des salariés dans ces métiers difficiles mal rémunérés et à temps partiel qui ne peuvent pas être fait durant toute une vie de salarié. Pour la FSU, pour permettre aux salariés de changer d’orientation professionnelle et d’évoluer au cours de leur carrière professionnelle, la formation initiale sous statut scolaire portée à 18 ans est la principale solution.