Bonifications REP+ : le rectorat maintient sa commission Théodule
Jusqu’en 2014, beaucoup de postes « éducation prioritaire » - devenus REP - étaient vacants, car les demandeurs de mutation avaient la possibilité d’exclure de les exclure de leurs vœux en cochant une case.
Bilan ? Seuls les établissements labellisés de la métropole lilloise trouvaient preneurs, les demandeurs étant initialement - pour beaucoup, même si pas tous - motivés par la possibilité de contourner le barème et d’obtenir un poste à Lille, voire à Roubaix ou Tourcoing. Par contre, les établissements de Calais ou de Maubeuge ont connu les mêmes difficultés de recrutement qu’à l’accoutumée et il restait plusieurs dizaines de postes vacants qui ont été attribués à l’année à des TZR ou à des contractuels.
En 2015, puis en 2016, contre l’avis unanime des syndicats, une commission de sélection a été mise en place (chef d’établissement / IPR).
Sa mission ? « Trier » les candidatures pour les 1552 postes en REP+ (les REP ne sont pas concernés) dont seulement une partie étaient susceptibles d’être vacants , en attribuant uniquement sur une base déclarative (entretien de quelques minutes) un avis favorable (1200 pts) ou défavorable (0 pt, laissant la possibilité aux candidats non retenus de candidater comme n’importe qui, avec seulement 90 pts).
Certains ayant eu un avis défavorable ont quand même pu obtenir un établissement REP +. A l’inverse, des collègues ayant eu 1200 pts n’en ont finalement pas eu l’utilité, soit parce qu’ils n’ont pas candidaté sur un REP +, soit parce qu’ils ont obtenu autre chose.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en juin 2016, 158 postes REP+ étaient vacants avant mouvement. Par le jeu des mutations, il y en a eu au final 248 toutes disciplines confondues puisqu’une centaine de collègues en REP+ a demandé et obtenu une mut l’an dernier. Sur les 219 demandeurs qui ont été affectés en REP+, seulement 52 avaient une bonification de 1200 pts donnés par la commission. Autrement dit, la bonification de 1200 pts sert (quand elle sert) à choisir un REP+ sur Lille ou Roubaix, donc à contourner le mouvement au barème, alors que ces postes seraient pourvus de toute façon puisque géographiquement attractifs (ce n’est pas l’étiquette REP+ qui attire, mais bien la proximité de la métropole).
En 2017, alors qu’il ne restait plus en juin que 29 postes vacants en REP+ toutes disciplines confondues et essentiellement localisés sur Calais et Maubeuge (accessibles sans bonus), le rectorat persiste à maintenir une commission qui effectue une sélection sur des bases discutables : composée de personnels n’ayant bien souvent jamais eux-mêmes exercé en éducation prioritaire, elle attribue un avis sur entretien à des candidats qui n’ont qu’une expérience limitée (très souvent des stagiaires), en tout cas pas en REP+ puisque sont exclus les titulaires qui exercent déjà en REP+ et qui voudraient en changer ! Sans compter les entrants dans l’académie qui découvrent le dispositif après qu’il soit clos …
A quoi bon donc gaspiller du temps et de l’énergie pour mettre en place des commissions inutiles ?
Pour le SNES-FSU, on ne résout pas le problème de l’Education prioritaire ainsi, en donnant 1200 pts à des sortants de l’ESPE (ce sont essentiellement eux qui candidatent), alors qu’ils ne sont pas formés, pas prêts pour ce type d’établissement. C’est en rendant attractifs les REP et REP+ - par les conditions de travail - que l’on arrêtera d’en faire des ghettos. C’est en améliorant la qualité de la formation initiale que l’on pourra affecter les néotitulaires sur ces postes.