Le quinquennat de F. Hollande se termine, en ayant conforté les réformes régressives de son prédécesseur, et en ajoutant d’autres, tout aussi pernicieuses et lourdes de conséquences, notamment pour le service public.
Dans l’Education, le rapport du sénateur Carles vient de pointer l’augmentation du nombre de démissions de stagiaires et de titulaires. Si elles restent très minoritaires, elles sont symptomatiques d’un malaise plus général, également perceptible dans l’académie, et révélatrices de l’état d’esprit qui prédomine chez les personnels : cette année, les professeurs en collège subissent en effet une réforme qu’ils ont majoritairement combattue et à laquelle ils restent d’autant plus opposés que sa mise en œuvre s’accompagne non seulement d’un renouvellement simultané des programmes des 4 niveaux, mais aussi d’une remise en cause de leurs pratiques professionnelles qui visent d’abord à réduire leur liberté pédagogique et à nier leur expertise disciplinaire, tout en générant une surcharge de travail jamais atteinte.
Comme si cela ne suffisait pas, localement, nos collègues font face au même type de pression remettant en cause leur mission d’évaluation des élèves : le SNES-FSU dénonce les pressions liées à la mise en œuvre du LSUN, et visant à l’instauration d’une évaluation « par compétences » que le socle n’impose pas, dans le but de piloter les résultats du DNB pour augmenter les taux de réussite. Il faut intervenir auprès des syndiqués – comme le SNES académique le fait auprès du recteur et des DASEN – pour qu’ils interpellent leurs directions locales : ce sont les professeurs qui décident du mode de positionnement retenu dans les applications tierces, et dans le LSUN.
L’exaspération est montée d’un cran depuis la découverte début janvier de la circulaire rectorale enjoignant à participer à nouveau à des réunions hors temps de service pour le cycle 3, le cycle 4 et les lycées. En recourant à l’arrêté du 16 avril 2015 sans y être contraint, quel message est passé à la profession ? Que nos collègues ne réfléchissent que sur consigne hiérarchique, qu’ils ne travaillent en équipe que sous le regard de l’encadrement alors qu’ils sont des cadres qui travaillent bien au-delà de leurs obligations de service ?
Actions :
envoi d’un mail aux syndiqués, d’un tract et d’une pétition pour lancer la mobilisation contre le ½ journée recteur et empêcher la tenue de celle laissée à disposition des chefs d’établissement
dépôt d’un préavis de grève sur toute la période, en indiquant précisément ce motif
Autres symptômes du malaise : l’absence de lycées classés éducation prioritaire dans l’académie, alors même que les moyens octroyés par le ministère pour la rentrée prévoient officiellement 45 ETP pour les lycées et les LP « fragiles ». A la lecture des dotations, il apparaît que le rectorat de Lille, conscient des difficultés de ces établissements, leur avait déjà attribué les années précédentes des heures postes sur la base du pourcentage de CSP défavorisées. Au final, les 45 ETP ne se traduisent donc pas par des moyens supplémentaires dans les établissements listés (certains subissent même des pertes importantes), mais par le maintien du dispositif qui existait déjà.
Toujours en lycée, le malaise grandit dans les équipes enseignantes de STS, qui pourraient être dessaisies du recrutement de leurs futurs élèves issus de bac pros, alors même qu’ils respectent voire dépassent les quotas d’élèves issus de LP en STS déjà imposés par le rectorat. À cela s’ajoutent des suppressions importantes de demi-sections de 2e année de STS (12 au total dont 8 en STS tertiaires), dégradant de facto les conditions d’encadrement et d’enseignement des étudiants et enseignants. Quel est donc le message envoyé aux mêmes équipes enseignantes au moment même où le rectorat nous affirme – et nous sommes d’accord – qu’il faut tout mettre en œuvre pour éviter le décrochage scolaire et la sortie du système éducatif sans diplôme ? (décrochage d’ailleurs particulièrement important entre la 1re et la 2e année de BTS). Voir texte spécifique sur cette question et voté à l’unanimité
Autre problème de taille : le statu quo de la carte des langues vivantes en collège alors même qu’il y a un an des engagements avaient été pris dans toutes les instances pour revoir chaque année l’offre linguistique pour l’enrichir Au lieu de cela, nous assistons à un gel qui entérine la suppression de plus de la moitié des sections bilangues de l’académie et un recul de la diversification .
Ajoutons enfin les très vives inquiétudes concernant la situation des élèves en SEGPA. La CAA demande des garanties pour que les moyens dédiés à ces élèves, leur profitent entièrement et qu’ils ne soient pas détournés de leur objectif fondamental au nom d’expérimentations d’inclusion bricolées. Nous demandons également à ce que chaque SEGPA de l’académie retrouve sa structure complète avec une véritable 6e SEGPA abandonnant définitivement la mise en place de la 6e inclusive.
Régions et lycées
La CAA dénonce le choix de la Région de diminuer la dotation de fonctionnement de nombreux lycées, ainsi que l’aide sociale attribuée pour les équipements en matériel. Les conséquences de ces coupes ne se font pas attendre : au moins 2 lycées ont été ou sont sans chauffage dans l’académie, faute d’anticipation des travaux nécessaires ; sur certains secteurs, une augmentation de lycéens dans une extrême précarité.
PPCR
Carrières
Nous regrettons toujours la disparition du corps des bi-admissibles ; nous demandons toujours que la classe exceptionnelle soit étendue à tous et que le rythme d’avancement soit le grand choix. Nous actons dans la rédaction des projets d’arrêtés le principe de l’accès à la HC pour tous. Les avancées obtenues doivent servir de point d’appui pour conquérir une réelle revalorisation.
Évaluation des personnels
Dans le projet, l’évaluation des personnels est réalisée lors de « rendez-vous de carrière » , qui permettent de déroger à l’entretien professionnel par le chef de service de règle dans la FP et maintiennent le double regard (IPR et chef d’établissement), voire l’instaurent pour les CPE, tout en permettant un recours global sur l’appréciation finale.
Ces rendez-vous de carrière réduisent de façon sensible le poids de l’évaluation sur l’avancement, d’autant que les personnels n’auront pas à présenter un bilan d’auto-évaluation qui a été retiré des fiches de travail soumises aux OS.
Pour autant des problèmes persistent :
l’entretien avec le chef d’établissement n’est pas cadré nationalement, ni critérié précisément, et le recours à des inspections et des entretiens « intermédiaires » n’est pas exclu explicitement.
L’avancement n’est pas totalement déconnecté de l’évaluation, ce qui supposerait l’accélération pour tous de l’accès aux 7e et 9e échelons.
La grille de compétence légitime en l’état l’empiètement du chef d’établissement sur le terrain pédagogique (via la « coopération » notamment), et n’est pas centrée sur le cœur de métier disciplinaire. Elle pourrait ainsi porter une vision uniquement transversale et fonctionnelle de l’enseignant dans l’EPLE (contenue dans le référentiel de 2013, même s’il ne s’impose pas sur le plan statutaire).
Le risque n’est pas levé d’un accompagnement qui limiterait la liberté pédagogique par le contrôle local (via le conseil pédagogique), ou qui imposerait une lecture extensive de nos missions statutaires. L’accompagnement collectif ne doit résulter que d’une demande des personnels et non de la hiérarchie, afin qu’aucun formatage ne soit imposé au nom du soutien des équipes.
Si l’on peut se féliciter d’une double notation pour les CPE, il faut des IPR issus de leur corps (de même pour les documentalistes).
Le SNES doit continuer à agir pour améliorer les textes sur le contenu et les modalités de l’évaluation. Le retard dans la publication des projets d’arrêtés est inquiétant.
Afin de ne pas être pris au dépourvu et de donner un signe fort au gouvernement, le CN doit se mandater sur un vote, en arrêtant les lignes rouges à ne pas franchir :
non à la réintroduction d’une forme de bilan professionnel
non à une grille de compétences avec items pédagogiques pour le Ce
non à l’accompagnement proposé par le conseil pédagogique et/ou imposé par la hiérarchie
Il doit également préparer la mobilisation au cas où.
Au niveau protection sociale, suite aux annonces du candidat F. Fillon, l’assurance maladie est un enjeu primordial pour les mois qui viennent. Le dernier PLFSS 2017 ne revient sur aucune des régressions imposées ces dernières années et confirme la réduction des dépenses sociales (avec 4,1 Mds € d’économies supplémentaires imposées dans le domaine des soins) ainsi que les cadeaux en faveur des entreprises et le glissement de l’assurance maladie obligatoire vers les assurances maladie complémentaires et sur-complémentaires se poursuit. La seconde vague de référencement des organismes de protection sociale complémentaire dans la fonction publique d’Etat organise la segmentation des populations couvertes dans le cadre d’une logique purement marchande qui risque de bénéficier à un certain nombre de sociétés d’assurance privées. Le cahier des charges du référencement aux ministères en charge de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la recherche, de la Culture et de la communication et de la Jeunesse et des sports renforce la logique concurrentielle et consumériste, et accentue la rupture des solidarités envers les retraités. La CAA appelle à construire un mouvement d’ampleur pour peser dans la campagne électorale et stopper ces régressions inacceptables.
En ce qui concerne les droits et libertés, la CAA apporte tout son soutien à tous ceux qui viennent en aide aux élèves sans papiers (dont le nombre n’ a pas diminué sous la mandature) , aux mineurs isolés et jeunes majeurs réfugiés. Elle dénonce la criminalisation de l’aide humanitaire ainsi que le non-respect de la loi par les Conseils Départementaux qui refusent de prendre en charge de plus en plus de mineurs isolés ou sont de plus en plus prompts à rompre les contrats jeunes majeurs.
Dans le cadre du travail intersyndical de lutte contre les idées de l’extrême-droite, la CAA appelle à participer au stage « unis contre l’extrême-droite » le 28 février à Courrières.
Vote : Contre 0 / Abstention 4 / Pour 21