Texte action
CAA Lille / 8 janvier 2013
Contexte
Les vœux présidentiels, les chiffres du chômage, les augmentations de tarifs du 1er janvier, … Tout annonce une année 2013 d’autant plus difficile que les choix politiques qui sont faits, en France comme au sein de l’UE, concourent à entretenir la crise :
– Austérité et diminution des dépenses publiques, y compris dans la Fonction publique, avec la MAP qui succède à la RGPP, le tout encadré désormais par le TSCG.
– Poursuite de la politique de remise en cause et de démantèlement de la santé et de la protection sociale.
– Absence d’augmentation des salaires
– Politique fiscale allant contre les intérêts des classes moyennes et défavorisées
– Absence de plan de relance
– Pacte de compétitivité = cadeau de 20 milliards aux entreprises et la mesure phare du candidat (taxation de 75%) retoquée par le conseil constitutionnel.
– Menaces sur une nouvelle réforme des retraites.
– Négociations sur la réforme du marché du travail, enjeu considérable qui ne doit pas se traduire par un donnant donnant permettant aux patrons de licencier plus facilement, ni par la remise en cause du CDI, etc ...
Au delà du seul contexte économique, le gouvernement Hollande / Ayrault / Valls adopte une politique au moins similaire à celle suivie par N.Sarkozy, voire pire quand il s’agit des Roms ou de la situation des Sans-Papiers (voir motion) y compris des élèves sans papiers : plusieurs cas dans la région n’ont toujours pas trouvé la solution qu’on était en droit d’escompter.
Dans la Fonction publique
Il faut réagir vite, et exiger des mesures d’urgence pour défendre les services publics et les personnels.
C’est le sens de la journée de grève le jeudi 31 janvier à l’initiative de la CGT, de Solidaires et de la FSU, sur la base de la plateforme suivante :
– un moratoire immédiat sur les suppressions d’emplois, et des créations partout où cela est nécessaire ;
– L’augmentation urgente de la valeur du point d’indice ;
– L’abrogation du jour de carence.
Dans l’Éducation nationale
La CAA de Lille se félicite que la journée d’action prenne la forme d’un appel clair à la grève de la FSU le jeudi 31 janvier, faisant suite au rassemblement du 28 novembre et à la grève académique en décembre contre la dégradation des conditions d’enseignement et les majorations de service. Il est impératif accompagner la grève FP de mots d’ordre concernant l’Éducation nationale, puisque la période qui s’ouvre annonce de potentielles nouvelles offensives contre notre secteur d’activité ou, au mieux, un statu quo inacceptable :
– discussions concernant la loi d’Orientation et de Rénovation de l’École, à la fois au Parlement pour les grands principes (école du socle ou non, ...), mais aussi avec les personnels pour les décrets d’application qui en découleront (avec des conséquences pour la formation, les missions et statuts), et ceux concernant des domaines qui n’ont pas été encore traités (rythmes scolaires en particulier). En l’état, le projet ne rompt en rien avec la logique et les orientations de l’ancien gouvernement (principe du socle et des compétences réaffirmé, offensive contre nos statuts et annonce claire et nette d’une redéfinition du métier …).
– acte III de la décentralisation qui donnerait un rôle croissant aux Régions sur la formation professionnelle, initiale et l’Orientation
– discussions salariales : une revalorisation est nécessaire pour rattraper le baisse du pouvoir d’achat connue par nos professions depuis le début des années 80 et la désindexation du point d’indice, notamment pour rendre attractifs des métiers qui doivent recruter à hauteur de 43 000 dès cette année.
– Postes : si les chiffres sont positifs dans le premier et le second degrés, ils sont loin d’être suffisants par rapport aux effectifs d’élèves dont la hausse se poursuit, à l’amélioration indispensable des conditions d’enseignement et enfin à l’amélioration de l’offre d’enseignement gravement attaquée dans notre académie depuis plusieurs années.
– Remise à plat des nouvelles épreuves orales en LV .
Pour tous ces motifs, le SNES de Lille avait œuvré pour qu’une action EN ait lieu au moment du vote du budget. Si cette proposition n’a pas trouvé de relais nationalement ou dans les autres académies, elle en a trouvé au niveau académique dans le cadre d’une intersyndicale large, puisqu’elle a regroupé tous les syndicats du 2d degré, à l’exception du SGEN-CFDT et du SE-UNSA, preuve de l’existence d’un malaise profond dans une région qui a subi un traitement particulièrement dur ces dernières années. Les taux de grévistes et plus encore de manifestants, n’ont cependant pas été à la hauteur des enjeux, ni de la situation. Pour autant, la CAA de Lille considère que le moment était le plus opportun pour peser véritablement sur les choix budgétaires et politiques. Des mouvements académiques, parfois minoritaires, ont connu ensuite une ampleur nationale (en 2003 par exemple). Il faut donc continuer à porter des revendications qui rencontrent l’adhésion des personnels, notamment :
– en collège : réelle amélioration des conditions de travail, suppression du LPC, de la note de vie scolaire, du socle, de l’épreuve locale de HDA, mais aussi refus de toute structure inter-degré (conseil école-collège par exemple) placée sous l’autorité du chef d’établissement et de l’IEN, et visant à primariser le 1er cycle comme c’est expérimenté dans les collèges ECLAIR. Et ce, en lieu et place d’une liaison CM2-6e qui vise déjà à établir une continuité du suivi des élèves, dans le respect des missions, des qualifications disciplinaires et des statuts des personnels. Refus également d’une globalisation des moyens attribués aux établissements qui, articulée avec la mise en place d’un tronc commun, contribuerait à accroître l’inégalité de l’offre d’enseignement.
– en lycée : remise à plat de la réforme des lycées et de la voie technologique ; remise à plat également des épreuves orales de LV qui portent à la fois atteinte au baccalauréat et dégradent considérablement les conditions de travail des personnels ; suppression des « lycées d’excellence ». Sans l’annoncer clairement, tout semble fait à nouveau pour remettre en cause le baccalauréat examen national anonyme garantissant un égal accès aux études : après les TPE, l’EPS, les évaluations des capacités expérimentales en S évalués à l’échelle locale, c’est l’ensemble des langues vivantes qui sort du cadre d’un examen national, mettant en cause la validité de l’évaluation menée. A cela s’ajoute des dégradations continues des conditions de passage de l’examen depuis plusieurs années dans l’Académie.
– partout : suppression du dispositif ECLAIR, des conseils pédagogiques, allègement des effectifs, remise à plat des programmes, retour au 1/3 temps pour les stagiaires.
– pour tous : respect de la discipline de recrutement, de la qualification et des statuts, diminution du temps de service, revalorisation salariale et des conditions de travail.
– Maintien et renforcement du service d’orientation et des Copsys au sein de l’Éducation nationale.
– La CAA de Lille dénonce enfin la multiplication de l’externalisation de missions éducatives que l’Éducation nationale s’avère désormais incapable de mener : la question de la gestion par des associations extérieures des mesures de responsabilisation éducative en est le dernier exemple.
Le SNES doit prendre la mesure de la cohérence des attaques successives contre :
– le caractère national de l’éducation d’une part (autonomie des EPLE renforcée par les réformes successives, contrats d’objectifs, déréglementations du baccalauréat, ECLAIR).
– Les statuts des personnels d’autre part (dispositifs ECLAIR, postes spécifiques, coordination collège / primaire …)
Il est donc de la responsabilité du SNES en tant qu’organisation syndicale d’informer et d’alerter les personnels sur la cohérence de ces attaques et de construire une mobilisation à sa hauteur. Il est impossible de continuer à lutter au coup par coup.
Dans l’académie de Lille
Des victoires qui sont dues à une mobilisation locale et/ou académique de longue date : la situation du collège Dolto, des situations individuelles se résolvent grâce à la lutte des personnels qui reçoivent une écoute plus attentive. Sur les majorations de service, également, la lutte a porté puisque bon nombre de chefs d’établissements y ont renoncé et/ou ont mis en place des compensations suite au communiqué du Recteur, la veille du rassemblement académique à l’appel du snes-fsu, du snep-fsu, de sud, de la CGT et de l’unsa. Ces compensations, lorsqu’elles sont attribuées aux collègues majorés, ne sont momentanément tolérées que parce que le recteur a annoncé à l’intersyndicale qu’il ne reconduirait pas la circulaire de mars 2010 pour la rentrée 2013 et que la victoire sur le fond a bien eu lieu même si certains chefs d’établissements semblent en douter. Nous attendons néanmoins un écrit officiel du rectorat et continuons à demander la restitution des moyens dus aux collègues.
Cependant, il y a des créations de postes mais le compte n’y est pas (voir documents CTM sur situation académique CSP, taux de chômage …). Depuis 2003, l’académie de Lille est championne des suppressions de postes avec 5883 suppressions en 10 ans. Cette année, 122 postes sont octroyés pour le second degré à l’académie de Lille (130 pour le 1er degré), 5 postes de CPE et 2 postes d’assistante sociale. Mais dans le même temps, le ministère supprime 9 postes administratifs dans l’académie de Lille (dans les établissements du 2d degré ou dans les services académiques ?) et ne crée aucun emploi de personnel infirmier, laissant aussi la médecine de prévention en déshérence. Ainsi, force est de constater que le compte n’y est pas : cette fois-ci l’académie s’illustre encore par son rang puisqu’elle figure parmi les bonnes dernières en terme de créations malgré son profil social particulier. C’est au CTA du 21 janvier que la répartition entre collèges et lycées professionnels ou généraux sera connue. Mais à raison de près de 500 établissements du second degré dans l’académie, ce sera vraiment un lot de consolation pour chacun. Il est à craindre également que certains établissements aient encore à supprimer des postes en raison de l’augmentation possible du nombre de stagiaires et du blocage de supports pour les accueillir, mais aussi de l’application des réformes.
La mise en œuvre du « dialogue social » suppose une conception du syndicalisme qui accepte trop longuement de se fondre dans une institutionnalisation prompte à produire du consensus et facteur de renoncement social. Le fonctionnement du CTA, contourné dans notre académie en est l’illustration (les dotations sont communiquées aux chefs d’établissement une semaine avant sa tenue !). Que recouvre l’expression « dialogue social » quand, dans un CHS-CT, l’administration refuse de discuter et de reconnaître l’accident du travail suite au suicide d’une collègue ayant dénoncé par écrit ses conditions de travail ? La mise en place du paritarisme à Lille est à l’image du fonctionnement des CT, les délais entre la communication des documents de travail et les GT ne permettent pas de fait une préparation satisfaisante, ce qui vise à réduire les instances à des moments de communication de décisions déjà prises.
En langues vivantes, la situation reste également très confuse en l’état actuel. La CAA appelle les collègues à faire appliquer le texte ministériel du 14 décembre qui permet la passation de la compréhension orale au 3e trimestre. Elle appelle aussi les collègues à exiger des copies anonymées. Pour l’expression orale, elle appelle les collègues à permuter les candidats y compris avec des établissements voisins. En outre, elle réclame la rémunération des examinateurs. Faute de quoi, elle envisage des actions de protestation pouvant aller jusqu’à la grève des épreuves.
Vote : unanimité (33 pour)