Lycées : il manquera 130 postes à la rentrée ...
La hausse démographique continue en lycée : à la rentrée prochaine, le Rectorat prévoit 88 756 élèves en LEGT dans l’académie de Lille, contre 84 561 cette année (+ 4,9%).
Les dotations aux lycées augmentent ? C’est globalement vrai ... mais moins fortement que les effectifs. Résultat, la dotation horaire moyenne par élève (« H/E » dans le doux langage technocratique) diminue, passant de 1,56 à 1,53.
Allons-nous chipoter pour un petit « -0,03 points » ?
Ce chiffre peut paraître bien faible, et pourtant il signifie concrètement que, si on avait voulu maintenir la situation de la rentrée 2015 – qui n’est déjà pas brillante – à la rentrée prochaine, il aurait fallu un supplément de dotation de 2347 heures pour les lycées. C’est-à-dire 130 « équivalents-temps-plein », 130 postes supplémentaires.
Autre manière de le dire : puisqu’un lycée moyen de l’académie recevait une dotation de 1484h à la rentrée 2015, il aurait fallu ouvrir 1,5 lycée supplémentaire en septembre prochain pour simplement maintenir la mauvaise situation de la rentrée 2015, sans la dégrader encore davantage.
Ce n’est bien sûr pas ce qui est au programme. Ce qui est au programme, c’est la poursuite de la hausse des effectifs par classe, en 2de GT évidemment, mais dans les autres niveaux également. Pour rappel, avant la réforme du lycée, en 2009, 73% des classes de 2de GT avaient 30 élèves ou plus, contre 79,6% à la rentrée 2014... La dégradation des conditions de travail en lycée est donc bien partie pour continuer.
On pourrait néanmoins s’étonner que la dotation moyenne dans les lycées diminue si brutalement à la rentrée prochaine, alors même qu’entre 2013 et 2015, ce « H/E » s’était stabilisé, et était même très légèrement remonté. Mais faut-il vraiment s’étonner, quand on se souvient de ce que disait la Ministre, en septembre dernier, pour répondre à la Cour des Comptes qui fustigeait le « coût » trop élevé du lycée ? Pour mémoire :
« je tiens à souligner les efforts réalisés chaque année par le ministère pour réduire le coût du lycée général et technologique. Ainsi, on constate que l’indicateur heures d’enseignement par élève (H/E) a régulièrement baissé : 1,39 en 2008-2009, 1,37 en 2011-2012 ; 1,34 en 2012-2013, 1,32 en 2013-2014 et 1,30 en 2014-2015, soit - 6,5 % en quatre ans. » ( N. Vallaud-Belkacem). Ainsi, la ministre se vante de dégrader le taux d’encadrement en lycée, qui plus est dans la continuité des ministères précédents. La ministre présente comme un effort « positif » ce qui, concrètement, se traduit par une explosion des effectifs par classe pour les enseignants...
Bien évidemment, on ne peut pas exclure que la baisse relative de la dotation aux lycées soit une manière de récupérer des moyens pour tenter de « faire passer la pilule » de la réforme du collège en abondant les dotations à ce niveau. Souvenons-nous qu’à la rentrée 2010, le ministère et le rectorat avaient « mis le paquet » sur la 2de GT pour tenter de masquer les suppressions de postes engendrées par la réforme – pour la seule académie de Lille, ce sont 800 postes en lycée, et l’équivalent de presque 9 lycées moyens, qui ont été supprimés depuis 2009... La réforme du collège étant très proche de la réforme du lycée de 2010, on voit bien quelles conséquences elle aura en termes de postes, et pourquoi il faut continuer d’exiger l’abrogation de la réforme « collège 2016 », et un vrai bilan de la réforme du lycée de 2010.