En cette fin d’année scolaire, la DASEN (Ex-IA62) du Pas-de-Calais encourage fortement la réunion des équipes pédagogiques de 6e, notamment les collèges Professeurs Principaux et/ou les enseignants de français et de mathématiques.
Officiellement, il s’agirait de définir pour 2013-14 les actions pédagogiques dans le cadre de la « liaison CM2-6e », souvent mise en œuvre de longue date dans les établissements, et qui peut être le moyen d’échanger des points de vue pédagogiques entre Professeurs des Ecoles (PE) et du 2d degré.
En fait, de plus en plus souvent pilotées par les IEN (Inspecteurs du 1er degré), ces réunions ont pris depuis la rentrée 2012 une autre tournure : au-delà de l’articulation consentie entre 1er et 2d degré, qui peut se concrétiser par des actions très diverses (projets communs, découverte des lieux et des disciplines pour les CM2, etc.), la liaison devient dangereuse puisqu’exclusivement orientée vers l’intervention accrue de PE dans le cadre des horaires obligatoires du collège (aide personnalisée, voire enseignements disciplinaires). Il s’agit d’une remise en cause insidieuse de notre métier (la polyvalence contre les enseignements disciplinaires) et de nos statuts (24+3h pour les PE), sous couvert d’une meilleure continuité pédagogique. La Dasen 62 a d’ailleurs d’ores-et-déjà affecté –pour la rentrée 2013- plusieurs PE en « complément de services » sur 3 collèges du département.
Dans ce contexte, le Snes académique tient à dénoncer toutes les formes de culpabilisation et les pressions visant à imposer « l’école du socle », et à donner aux collègues concernés des outils pour faire respecter leurs choix et leurs missions.
Ainsi, dans le cadre des discussions parlementaires visant à adopter le Projet de loi de « Refondation de l’école de la République », un certain nombre d’amendements ont été apportés au texte initial lors de son passage au Sénat (1) : il en ressort que le cycle CM2-6e n’a pas été inscrit dans le marbre de la Loi, qui n’évoque -avant le vote final prévu le 24 juin- que « l’articulation en cycles » du « contenu du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes scolaires » (chapitre Ier Bis).(2) C’est le Gouvernement lui-même qui a refusé que ce cycle CM2-6e soit incorporé au texte, qui pourrait toutefois revenir dans le cadre d’un décret d’application : c’est bien dans ce sens qu’agissent les services de la DASEN : obtenir par le décret ce qui n’a pas été obtenu par la Loi, en mettant en place dès le mois de juin des réunions 1er/2d degré qui préfigureraient les conseils école-collège, ces derniers n’étant pas non plus institués par la Loi de « Refondation ».
Le Snes de Lille invite l’ensemble des collègues à participer à ces réunions, et à faire valoir leur point de vue lors des conseils d’enseignement en s’appuyant sur ces éléments. Il s’agit de refuser
– l’imposition de conseils communs Ecole-collège,
– la prise en charge des PPRE ou a fortiori des heures d’enseignement soient confiées à des PE (nous n’avons pas les mêmes concours).
Enfin, le Conseil d’Administration doit être obligatoirement consulté sur toute expérimentation CM2/6e (3). Le Snes appelant bien sûr à s’y opposer.
1) L’ensemble des travaux parlementaires sur le projet de « refondation » est accessible ici : http://www.senat.fr/dossierleg/pjl12-441.html
Le texte avant adoption définitive http://www.senat.fr/leg/pjl12-641.html
(2) Le texte annexé au projet de loi évoque bien le cycle CM2-6e, mais n’a pas de portée législative ou réglementaire.
(3) article L 401-1 du Code de l’Education http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do;jsessionid=374C01FE32980AE9071B89A5520CD5B1.tpdjo13v_1?idSectionTA=LEGISCTA000006151349&cidTexte=LEGITEXT000006071191&dateTexte=20130610