Dans son discours récent sur la Stratégie du Gouvernement en matière de commerce extérieur à Roubaix, le Premier ministre, Edouard PHILIPPE, a présenté les différentes solutions qu’il faut mettre en œuvre selon lui pour « réparer le pays et restaurer la compétitivité ».
Parmi celles-ci, toutes aussi préoccupantes les unes que les autres, figure la réforme de l’évaluation de l’anglais en fin de lycée. En effet, le Ministre se fait une haute opinion de l’anglais tel qu’il est enseigné en France actuellement puisqu’il « imagine que son apprentissage a un peu changé depuis [s]on adolescence. Même [s’il]pense que traînent encore ici ou là quelques cassettes dont on répète les phrases en boucle. » No comment…
Il dit vouloir accélérer la transformation de son apprentissage. Parce qu’un quart des emplois sont liés à l’export. Parce que même si on ne travaille pas à l’export, on a toujours besoin de l’anglais dans sa vie. Parce que l’anglais est la « première langue » de la mondialisation et que bien la maîtriser, c’est mieux maîtriser son avenir.
Il a donc prévu, avec le ministre de l’Education, « d’introduire, dès le lycée, une logique d’attestation de niveau en langues étrangères. Une attestation qui fait l’objet d’une reconnaissance internationale. En clair, à terme, chaque étudiant à la fin de son lycée et au plus tard en fin de licence aura passé un test de type Cambridge, IELTS, financé par l’Etat, et qui donnera donc un niveau reconnu partout à l’étranger.
Il prévoit aussi d’introduire ces certifications dans le supérieur en les généralisant d’abord dans les formations à « dimension internationale en BTS ou en licence professionnelle, soit environ 63 000 étudiants. »
Les deux ministères concernés vont devoir rendre un rapport d’ici l’été détaillant les conditions d’une généralisation de cette certification sous trois ans.
Cette mesure fait partie de tout un arsenal de « games changers » ( dixit Edouard Philippe) dans lequel figurent aussi « la refonte de l’apprentissage et de la future réforme de la formation professionnelle ».
Pour le SNES-FSU il s’agit bel et bien d’une attaque majeure contre la conception que nous nous faisons de la finalité de l’éducation de futurs citoyens éclairés et cultivés. Il s’agit de privatiser le bac et d’asservir l’enseignement à une conception ultra libérale de l’économie.
Il s’agit d’appauvrir la formation tout en enrichissant les officines privées comme ILTES. Il s’agit de faire disparaître le monopole qu’a l’état sur les diplômes. Il s’agit d’ouvrir un peu plus le « marché de l’Education » aux entreprises privées et de les payer avec l’argent public. Il s’agit de livrer nos élèves, futurs citoyens, à la voracité des faiseurs de bénéfices. Il s’agit de faire de l’anglais la langue du commerce international et de reléguer au second plan les autres langues vivantes.
Pour le SNES- FSU l’enseignement des langues tel qu’il est organisé actuellement n’est pas parfait, ni leur évaluation partielle en épreuves en cours d’année. Mais ce n’est pas en le livrant aux mains de la concurrence privée marchande que l’on va améliorer les choses. Depuis longtemps le SNES se bat pour que les langues vivantes soient enseignées en petits effectifs avec un minimum horaire hebdomadaire de 3 heures. Il exige des épreuves de baccalauréat nationales et anonymes et la préservation de la liberté pédagogique des enseignants de langues comme celle des enseignants de toutes matières.