DECLARATION DU SNES-FSU - GT BAREMES certifiés / agrégés
Jeudi dernier, près d’un tiers de nos collègues ont répondu à l’appel intersyndical à la grève pour exprimer leur opposition aux projets de loi sur la modernisation de la fonction publique et sur l’école de la confiance. Cette mobilisation s’inscrit sur le fond d’un mouvement social, rampant mais profond et qui remet en cause depuis plusieurs mois les orientations politiques néfastes de ce gouvernement.
Car oui, ce sont bien les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. Le Ministre Blanquer que l’on nous a vendu comme le « super techno » de l’Education, est porteur du même projet idéologique libéral que le président et ses réformes ont au moins le mérite de cette cohérence. Alors que montent les inégalités sociales, le président et son ministre de l’Education Nationale font le choix d’un système éducatif libéral, qui donnera plus aux couches sociales les plus favorisées et qui sacrifiera les classes populaires. La réforme du bac - 3 / bac + 3 (réforme du lycée, réforme du bac, parcoursup) est en effet profondément inégalitaire et ségrégative. Quant aux établissements des savoirs fondamentaux, ils ouvrent la voie au rétablissement du collège à deux vitesses d’avant la réforme Haby de 1975. Enfin, les établissements publics locaux d’enseignement international (EPLEI) s’adressent en priorité à l’élite et c’est ce type d’établissement destiné aux élèves les plus favorisés que la métropole lilloise s’apprête à accueillir sur le site de Marcq en Baroeul dès la rentrée de septembre, faisant du lycée Kernanec l’arrière-boutique d’une école européenne prestigieuse réservée à quelques-uns.
L’actualité sociale montre que cette politique libérale a son versant autoritaire. Le gouvernement sait bien que nos collègues ne peuvent adhérer à un tel programme et il voudrait les mettre au pas. Quand notre ministre appelle, je cite, « à laisser libre cours à la déconcentration managériale », il s’apprête à donner aux supérieurs hiérarchiques locaux les leviers du recrutement, de l’affectation, de l’avancement, de la promotion, et même de la sanction, avec la nouvelle sanction des 3 jours de suspension sans traitement. Ce qu’il vise c’est à asservir le fonctionnaire, à le placer sous la coupe de petits chefs, là où le statut de 1983, confirmé en 2009 sous Nicolas Sarkozy, consacre "le fonctionnaire citoyen". C’est évidemment aussi tout le sens de l’article 1 de la loi sur l’Ecole de la Confiance qui voudrait limiter notre liberté d’expression. Et c’est aussi ce que consacre la réforme de la Fonction Publique qui prend le contre-pied de 50 ans de progrès social. Elle dépouille les fonctionnaires des garanties concédées en contrepartie des contraintes spécifiques du statut. Même sous le statut de 1941, Vichy garantissait aux fonctionnaires un droit de regard en commission administrative paritaire sur l’avancement et les promotions, droit de regard que le projet Dussopt supprime !
Le SNES-FSU est déterminé à organiser la mise en échec de cette politique libérale et autoritaire et nous appelons à amplifier les mobilisations contre ces réformes, sans céder aux intimidations. Nous apportons à cet égard tout notre soutien à notre camarade de Nice, Olivier Silam, victime d’un véritable traquenard policier, mis en garde à vue et menacé de poursuites judiciaires alors qu’il n’exerçait que son droit à la manifestation et à la libre expression.
Concernant les questions spécifiques à ce groupe de travail, nous constatons une baisse du nombre de participants par rapport à l’an dernier, elle montre les effets de la diminution des recrutements car la baisse concerne surtout les participants obligatoires. Dans les collèges avec la réforme Belkacem et déjà dans les lycées avec la réforme Blanquer, on assiste à une multiplication des mesures de carte scolaire. Depuis 2016, on en compte 354 dans notre académie et cela ne peut guère inciter nos collègues à envisager sereinement une mutation.
Sur les éléments de barème, nous sommes satisfaits du rééquilibrage opéré par rapport à l’inter entre les bonifications accordées aux stagiaires ex-non-titulaires et les autres. De même, nous sommes satisfaits du maintien de la bonification pour les sorties de PACD/PALD/CLD et les retours de congé parental, même si nous préférerions que ces situations ne donnent pas lieu à une perte de poste.
En revanche, nous désapprouvons le maintien du dispositif REP+ dont nous avons démontré l’inefficacité pour trouver de véritables volontaires à exercer en REP+, et surtout pour occuper les postes REP + des zones géographiques peu attractives.
Nous désapprouvons également votre choix de hiérarchiser comme vous l’avez fait les bonifications liées à la valorisation des parcours : pourquoi une réussite aux concours est-elle moins bonifiée que le détachement ou la participation au dispositif de changement de discipline ? Si hiérarchie il devait y avoir, pour nous elle devrait prioriser ceux qui se sont investis dans la préparation de concours exigeants et sélectifs. Nous avons une interrogation cependant : il n’y a que 9 changements de discipline cette année, beaucoup plus les années précédentes. Est-ce une volonté académique de diminuer cette possibilité d’évolution de carrière ou est-ce un manque de candidats ?
Enfin, nous tenons à remercier les services pour leur disponibilité et pour leurs réponses rapides apportées lors de nos échanges préparatoires à ce GT. Permettez-nous d’y voir un signe de l’efficacité du paritarisme dans l’intérêt de l’ensemble des collègues, et la légitimité de notre revendication à le maintenir et même à l’améliorer.