Déclaration FSU / CTPA du 1er mars 2010
[seul le SGEN a fait aussi une déclaration, la CGT et le SE-UNSA n’ont pas profité de cette réunion en présence du recteur pour s’exprimer]
L’académie de Lille va accueillir 1321 élèves en plus à la rentrée 2010 et perdre 646 postes ; malgré les promesses du ministre, les faits prouvent que les réformes contestées par la majorité des collègues suppriment des postes, que l’offre de formation va en diminuant.
Dans le même temps, les futurs lauréats des concours vont subir une réforme catastrophique qui va les mettre sur le terrain à temps plein à peine sortis de l’université, sans formation professionnelle, en annualisant à la fois leur stage et la période de formation, sans que l’on sache qui assurera cette formation, ni où.
Et tout cela dans la plus totale des improvisations : préparation de rentrée dans les lycées avec volte-faces sur les enseignements d’exploration (sans dotation supplémentaire) qui empêchent tout travail sérieux ; début du mouvement intra sans que soient connues les modalités d’affectation des futurs stagiaires (qui pourraient bloquer le mouvement) ou les suppressions à l’IUFM.
La logique voudrait qu’une société du XXIe siècle fasse tout pour assurer l’avenir de ses enfants et qu’elle choisisse d’investir dans l’Education durable ; au lieu de cela, c’est la logique comptable qui prime, les discours sur la priorité nationale que doit être l’Education ne sont que du vent et notre gouvernement préfère donner plusieurs milliards en cadeaux fiscaux à quelques privilégiés et économiser quelques millions sur le dos des élèves du service public.
Nous avons fait les comptes : Dans le premier degré la disparition de la formation initiale et l’utilisation des PE stagiaires comme moyens de décharge des directrices et directeurs d’écoles de 4 classes entraîne le besoin de créer 120 postes. Si on appliquait des effectifs de 24 élèves en collège et 20 en RRS, si on limitait à 30 élèves la taille des classes en lycée, c’est d’environ 1 300 postes dont nos élèves auraient besoin dans le 2d degré dans l’académie, soit 38 millions ... une paille comparée aux 13 milliards annuels de la loi TEPA.
Et après, l’on voudrait faire croire que c’est la fonction publique qui grève le budget de la France ...
Si des postes sont supprimés, c’est en raison de la volonté gouvernementale de ne pas remplacer un départ en retraite de fonctionnaire sur deux ; et comme les dizaines de milliers de suppressions qui ont déjà eu lieu compromettent le fonctionnement des établissements scolaires, les ministres Darcos et Chatel ont mis en place une réforme des lycées qui va permettre à nouveau de substantielles économies à court terme, mais avec quels dégâts sur le long terme ! En effet, la réforme des lycées qui nous est imposée diminue les horaires disciplinaires, au détriment des élèves les plus fragiles qui ne peuvent pas bénéficier d’une aide chez eux. Cette diminution est la suite logique de la mise en place du socle commun et des horaires planchers en collège qui aboutissent à ce qu’un élève qui arrive en 2de ait l’équivalent d’un an de cours en moins en maths et en français qu’un collégien d’il y a 20 ans. Ce n’est pas le niveau qui baisse, ce sont les horaires !
La réforme Chatel introduit également de nouveaux enseignements qui relèvent du saupoudrage culturel (un enseignement scientifique d’1 h 30 assuré par 3 professeurs de 3 disciplines différentes, 30 mn chacun), de nouveaux programmes qui sont rédigés à la hâte, sans que l’on sache ce qui est prévu pour le cycle terminal et pour le bac.
Elle remet en cause des séries qui fonctionnaient, malgré ce que vous pouvez en dire, comme les ST2S ou les STI dont les horaires fondent comme neige au soleil. L’enseignement privé n’a visiblement pas les mêmes problèmes d’emploi puisqu’il crée des enseignements d’exploration quand on en supprime dans le public.
La réforme des lycées introduit enfin une concurrence entre disciplines puisqu’il faudra choisir celles qui auront droit à un horaire dédoublé, ces choix pouvant être différents d’un établissement à l’autre : que va devenir l’Education nationale, les programmes et les examens nationaux si chaque lycée fait ce qu’il veut ?
Les conseils d’administration et les conseils pédagogiques se déroulent actuellement dans un climat houleux, les grèves locales et les votes contre se multiplient, ainsi que le refus des heures supplémentaires rendues encore plus insupportables par la dégradation régulière des conditions de travail. Le malaise des personnels s’amplifie en salle des profs : on va maintenant jusqu’à nous proposer de choisir entre la peste et le choléra (autrement dit de choisir entre la suppression d’un poste ou son maintien, mais à condition d’enseigner dans un enseignement d’exploration ne correspondant pas à sa qualification) ; les personnels ont aussi à subir des vexations par la reconvocation des CA pendant les vacances ou encore par l’absence de TRMD à voter, le chef d’établissement expliquant qu’il ne présentera que le résultat, sans que les élus aient les moyens de vérifier ou de présenter une contre proposition comme les textes encore en vigueur leur permettent. C’est un nouveau déni de démocratie qui s’ajoute au dessaisissement des compétences des élus au CA au profit d’un conseil pédagogique aux membres désignés. Nous vous demandons qu’une mise au point soit faite dès aujourd’hui auprès des chefs d ’établissement afin que les élus en CA puissent siéger et exercer valablement leur mandat.
Les personnels ont enfin à faire à un rectorat qui leur donne l’impression qu’il ne reconnaît pas à sa juste valeur le travail qu’ils effectuent chaque jour ; et ce sentiment ne pourra être qu’accentué lorsqu’ils découvriront une note de service mutations valorisant l’affectation hors discipline illégale (alors que vous avez été condamné au TA à verser des dommages et intérêts pour cette même raison), ils bondiront certainement en lisant le commentaire associé à ces 300 ou 950 points, ajoutant qu’il est « normal » de renforcer la bonification de ces voeux. En salle des profs, ce sera interprété comme un camouflet et une remise en cause des compétences professionnelles dument validées jusque là par une formation et un concours exigeants. Est-ce vraiment ce message que vous voulez faire passer auprès de nos collègues, à quelques jours d’une grève qui s’annonce très suivie ?
En ce qui concerne les postes de personnels administratifs, nous refusons ces suppressions de postes massives, les mutualisations et les réorganisations de services qui portent atteinte aux conditions de travail et engendrent une détérioration dans le suivi des actes de gestion au détriment des usagers. Nous nous opposons à toute diminution du Service public, de ses missions et de ses effectifs. Nous rappelons qu’à la suite d’une audience intersyndicale en mars 2008, le rectorat s ’était engagé à ce qu’une information préalable avant toute réorganisation soit faite avec tenue de groupe de travail. Si le CTPA doit être informé des moyens attribués à l’académie pour les postes administratifs, ne serait-ce pas de la compétence des CTPS de travailler à la réorganisation des services ?
Enfin, les infirmières scolaire seront dans l’action le 23 mars prochain pour protester contre la volonté de la part du ministère de leur mise sous tutelle sous l’autorité des médecins scolaires. Ces personnels veulent conserver toutes les missions dont elles ont actuellement la charge.