Chaque CAPA d’avancement d’échelon ou de promotion à la hors-classe est l’occasion de rappeler la dégringolade de nos salaires depuis le début des années 80. Cette année n’échappe pas à la règle, puisqu’une nouvelle fois, nous gagnerons moins en janvier qu’en décembre, notre rémunération ne suivant toujours pas l’inflation.
Nous allons subir par ailleurs dès la fin du mois une ponction pour aligner notre taux fictif de cotisation sur celui du privé, première conséquence tangible de la réforme des retraites qui nous est imposée et dont le montant final représentera une journée de salaire par mois à l’issue du processus.
Les seuls à connaître une augmentation toute relative de leur pouvoir d’achat seront donc les 1531 promus au grand choix, les 1040 au choix et les 382 à l’ancienneté que nous devrions déterminer ce jour. Augmentation toute relative, car un changement d’indice représente quelques dizaines d’ euros par mois.
Avons nous pour autant démérité ?
Les rapports du ministère reconnaissent que nos horaires de travail sont largement supérieurs aux 35 h hebdomadaires qui sont encore la norme dans le monde du travail.
Les notes attribuées par les IPR aux certifiés prouvent également ce mérite, puisque mis à part les passages aux 6e et 11e échelons, des collègues dans la partie haute de la grille de notation ne seront pourtant pas promus au grand choix.
Et conformément au slogan présidentiel, nous travaillons plus : plus d’élèves, plus de classes, plus d’acrobaties pour parvenir à les préparer à des examens dont nous ignorons tout quelques mois à l’avance faute de textes officiels.
Nous travaillons plus, donc, mais nous gagnons moins …
La pilule est d’autant plus difficile à avaler quand nous constatons que nous sommes les dindons de la farce d’un effort national qui n’est pas partagé par tous : ainsi, une augmentation de 2 ans du niveau d’études nécessaire pour être recruté comme professeur ou CPE est saluée d’une généreuse revalorisation de … 30 euros par mois sur l’ensemble de la carrière, soit 15 000 euros pour une carrière de 42 ans, ce qui équivaut à la prime annuelle d’un recteur ayant lui démérité, car très loin des objectifs qui lui ont été fixés !
Cette faiblesse des salaires des cadres A de la Fonction publique par rapport au secteur privé est sans doute une des raisons de la désaffection des étudiants pour les concours.
Une autre des raisons est le changement en profondeur qui s’opère dans nos professions : alors que nous sommes maintenant recrutés à bac +5, tout est fait pour casser l’enseignement et les exigences disciplinaires au profit d’un émiettement de compétences dont le sens échappe à la plupart de nos élèves, ne les prépare pas à l’autonomie nécessaire à la réussite dans le supérieur et décourage leurs professeurs.
Tout est fait aussi pour dénigrer nos missions : comment interpréter autrement que par du mépris pour le travail des enseignants et des CPE le fait d’envoyer sans formation et à temps plein sur le terrain les lauréats des concours ? Les témoignages de stagiaires en détresse, leurs traits fatigués dans les salles des profs, ajoutés à leur crainte de ne pas bien faire avec leurs élèves et d’échouer devant le jury de titularisation, démontrent que nous exerçons des métiers qui nécessitent de s’apprendre avec du temps.
Tout est fait enfin pour tenter de casser ce qui constitue une des forces du système éducatif français : un statut de fonctionnaire créé au lendemain de la guerre garantissant la nécessaire indépendance des personnels par un emploi à vie, assurant une progression collective de carrière. Le SNES s’oppose donc à l’introduction de primes à un mérite dont l’évaluation est toujours subjective pour les référents ou préfets des études, primes qui jouent sur la paupérisation que nous subissons, et vont contribuer à faire éclater les équipes pédagogiques et à fragiliser en conséquence les personnels ; il appellera les personnels à les refuser dans leurs établissements.
Pour terminer, quelques statistiques :
– Concernant le palmarès des disciplines, nous constatons qu’il vaut mieux être en allemand, histoire-géo, documentation éducation musicale, espagnol et philosophie, disciplines qui attribuent plus de promotions au grand choix par rapport au poids qu’elles représentent. Par contre, il faut éviter d’être en lettres modernes (un peu plus de 9 % des promotions au grand choix contre 14,6 % des promouvables), mathématiques et technologie.
– nous avons aussi remarqué un décalage important entre le nombre de promotions possibles et la notation des personnels : par exemple, pour le passage au 9e échelon (là où l’écart est particulièrement important entre la durée de passage au choix et celle au grand choix), 1076 certifiés sont promouvables, soit une possibilité approximative de 322 promotions (30%) pour 483 collègues ayant une note comprise entre 46 et 51 (partie de la grille de notation pédagogique correspondant à un passage au grand choix). Ce décalage existe aussi pour le passage au 10e échelon et également pour quasiment tous les échelons au choix, avec des incidences sur le barème hors-classe puisque des certifiés pourront ne pas obtenir des pts d’échelon alors que leurs notes sont bonnes.