Déclaration SNES-FSU / CTPD du 25 janvier 2006
Pour la 7e année consécutive, les collèges du département perdent des postes. La soustraction s’élève désormais à plus de 900 équivalents temps plein pour une baisse des effectifs de 11 157 élèves. Pire encore, relativement à cette baisse des effectifs, la ponction s’accélère : 1 poste pour 11 élèves pour la rentrée 2005, 1 pour 9 dans la préparation de la rentrée 2006 ! Au regard des taux de redoublement nationaux, la baisse des effectifs serait largement relativisée. Nous atteignons l’insupportable : dans le cadre d’un budget national dont nous avons dénoncé l’insuffisance, le gouvernement persiste dans son ignorance de la situation du département : qui ose dire que la situation économique et sociale du Pas-de-Calais s’améliore ? Qui ose nier les indicateurs sanitaires et les retards scolaires du département ?
A force de perdre des postes, un effet de « lissage » se produit : REP, ZEP, Violence... Toutes ces catégorisations finissent par n’avoir de sens qu’en tant que pure nomenclature. Les effectifs par classe sont en hausse pour tous les types de collèges, principalement en 6e et troisième, classes dont le rôle déterminant dans le cursus scolaire est à juste titre mis en avant.
La part des élèves dans des divisions à plus de 25 est supérieure à + de 35% dans les établissements qui ne sont pas classés en ZEP-REP, elle voisine 40% en sixième ! Le qualificatif « rural » n’apporte rien de significatif, ces établissements sont même moins bien traités en ce qui concerne les classes de 6e, il est vrai que la ruralité du département n’est pas reconnue au plan ministériel.
Le classement REP est vraiment déterminant avec la moyenne fixée à 24 élèves par division. En moyenne toujours, cela fait 3 élèves de moins par classe. Nous sommes bien loin de nos revendications : 20 maxi en ZEP-REP et 24 maxi dans les autres établissements. Bref, la baisse globale (mais en atténuation nette : 1211 contre 1946 l’an dernier) des effectifs, c’est essentiellement la remontée du nombre de classes chargées en 6e et en 3e et dans certains établissements l’instauration d’un numerus clausus pour certaines options (langues anciennes par exemple) avec à la clef une lettre aux parents dont les termes sont éloquents : « Dans le cas où le nombre d’élèves volontaires serait supérieur au nombre de places disponibles, les résultats scolaires et l’avis du conseil de classe seront déterminants »...Le latin et le grec aux plus « méritants » ! Pour reprendre la terminologie ministérielle... Gageons que les latinistes et hellénistes sélectionnés seront aussi les élus des « bourses au mérite »... Tout cela se situe aux antipodes de notre conception du service public d’éducation.
Le SNES ne peut que réitérer son opposition au « dynamitage » de l’éducation prioritaire induit par les annonces du ministre, rappeler son refus total des mesures dérogatoires permettant aux « meilleurs élèves » d’aller vers les « meilleurs lycées ». Cela ne pourra aboutir qu’à une marginalisation accrue de certains lycées. Il est vrai que lors d’une récente audience au cabinet du ministre, il nous a été répondu que le souci était davantage « la mixité sociale des élites ». Traduisons : non la mixité sociale en ZEP-REP et l’égalité de traitement au sein du service public d’éducation.
Nous sommes également en désaccord total sur la mise en place du classement EP1, EP2, EP3, dispositif visant à terme la liquidation de l’éducation prioritaire et dans le meilleur des cas sa réduction à la portion congrue. Plus de moyens nous dit-on pour les EP1 « ambition-réussite »...Il suffit de voir le traitement réservé aux établissements prétendument retenus dans notre département : l’un d’entre eux perd l’équivalent de 5 postes ! En fait, tout le monde commence par y perdre - l’une des heures non affectée en 4e et 5e- suivra un redéploiement savant...Nous dénonçons de même le traitement réservé aux élèves des EP1, les modalités de mise en œuvre de la découverte professionnelle, la multiplication des dispositifs-relais et leur concentration dans ces établissements, la volonté d’accroître la contractualisation des moyens et les pilotages locaux.
La politique ministérielle s’inscrit bel et bien dans une logique de tri social, d’un aveuglement sociologique qui a pour contrepartie une thématique du mérite et des qualités individuelles. C’est une logique de renoncement pour les milieux populaires qui ne fait qu’expliciter la loi Fillon dont nous continuons à demander l’abrogation.
Enfin, comment ne pas évoquer dans un cadre plus général, la baisse des recrutements programmée par un gouvernement qui n’offre désormais comme perspective (y compris dans le service public) que la précarité sous la forme de « contrats » dont le dernier avatar est le « Contrat pour l’Emploi »...
Nous avons affaire à une politique inégalitaire cohérente contre laquelle les personnels se sont majoritairement mobilisés le 24 novembre 2005 et le 20 janvier 2006. Ils sauront faire entendre la voix de l’intérêt général par la grève et les manifestations de toute la fonction publique le jeudi 2 février puis avec les étudiants et l’ensemble travailleurs le 7 février.