Une fois de plus notre académie est victime d’une carte scolaire particulièrement dure puisque ce sont 1020 postes qui vont disparaître. Ces suppressions massives sont dictées par la RGPP dont nous mesurons chaque jour les conséquences néfastes : dégradation des conditions d’étude des élèves et de travail des enseignants, absences non remplacées, disparition de la formation initiale et continue des enseignants, scolarisation des « 2 ans » en chute libre … L’objectif de la réussite de tous n’est plus une priorité du gouvernement qui organise la mise en place d’une école publique à minima, au plus grand profit programmé des officines privées de formation ou d’accueil de la petite enfance.
Ces suppressions massives d’emplois donnent des arguments à ceux qui défendent l'idée qu'il faudrait un recentrage sur une scolarité obligatoire réduite, pour une partie de la jeunesse, à l’acquisition d’un socle commun de connaissances et de compétences. Ce socle serait censé leur fournir les « bases de l’éducation » pour s’insérer dans la vie active dès la fin du collège (voire avant ? ), à charge pour eux de profiter plus tard d’une hypothétique « formation tout au long de la vie ». La FSU condamne cette logique éducative qui aménage les contenus d'enseignement et instaure une école à deux vitesses en justifiant l'idée que les dépenses d'éducation sont une charge qu'il faut alléger, faisant fi des conséquences, notamment pour les élèves les plus modestes.
La suppression de la sectorisation a créé des « établissements-ghettos » dont seuls pourraient s'échapper les élèves les plus méritants, au nom de la mixité des élites. Les premiers effets du « dispositif » ÉCLAIR vont déjà dans ce sens. La menace de fermeture de certains établissements (comme à Denain, Roubaix, Fourmies entre autres) et la volonté de renvoyer au local, sous couvert de développement de l'autonomie... ne font que déplacer les problèmes. La volonté de soumettre les personnels et les élèves à des objectifs locaux remettent en cause l'égalité sur le territoire. La FSU continue a revendiquer la réelle mise en place d'un système éducatif offrant à tous la même ambition.
L’objectif de diviser l’échec scolaire par trois, annoncé avec force en 2008, est cruellement démenti par la réalité : par exemple, le Ministère et ses représentants locaux ont décidé de supprimer l’intervention pourtant indispensable des maîtres spécialisés, formés pour enseigner auprès des élèves en difficultés ou en situation de handicap.
Madame le Recteur affirme que « l’on peut faire mieux avec moins » : si les résultats de nos élèves aux évaluations et examens lui apparaissent en amélioration, c'est parce que son militantisme politique lui fait confondre « résultats » et « niveau réel » à l'instar des contrats d'objectifs qu'elle veut imposer à marche forcée dans les EPLE. Et pourtant, dans la « vraie vie », il y a toujours plus d'élèves en échec, toujours plus d'enseignants démoralisés et de parents inquiets quant à l'avenir de leurs enfants.
Même les analyses libérales de l'OCDE soulignent la faiblesse de la dotation des écoles primaires en regard des autres systèmes éducatifs européens et constatent que les trajectoires scolaires sont trop souvent corrélées à l’origine sociale des élèves. Les mêmes critères de l'OCDE font apparaître une prétendue « sur-dotation » des établissements du second degré mais ignorent la spécificité hautement qualitative du système éducatif français, sans équivalent dans les autres pays européens. La FSU s'oppose et s'opposera à tous les gouvernements qui tireraient arguments de ces indicateurs libéraux pour continuer à supprimer des postes ou qui envisageraient de simplement redéployer les moyens en invoquant l'équité.
La FSU défend l’idée d’un service public d’éducation de qualité pour tous sur l’ensemble du territoire. Elle demande un plan pluriannuel pour l’éducation permettant de mettre en œuvre une politique éducative ambitieuse qui passe par la création massive de postes. Pas de réussite, pas d'ascenseur social sans un système éducatif qui fonctionne.
La FSU soutient toutes les actions actuellement en cours : les mobilisations locales dans les écoles, les collèges, les lycées, les CIO, le GRETA. Elle organisera dans l'académie une semaine d'action du 13 au 18 février dans tous les bassins, avec grèves ainsi qu'une manifestation régionale à Lille.