La défaite de N.Sarkozy le 6 mai dernier a été accueillie avec soulagement par les personnels de l’Éducation nationale ; mais 4 mois après, force est de constater que rien ne change, ou si peu.
Certes, techniquement parlant, la rentrée 2012 est encore celle orchestrée par Luc Châtel. Mais aucune rupture, aucun changement avec la politique menée par le gouvernement précédent : rien sur la suppression du dispositif ECLAIR, du livret de compétences, mesures pourtant attendues et sans aucun coût, rien sur la journée de carence. Surtout, le nouveau gouvernement a maintenu en poste la rectrice de Lille, dont le bilan depuis 2010 et le refus du dialogue social sont pourtant sans appel. Elle maintient d’ailleurs à la rentrée 2012 ses initiatives de l’an dernier, comme la majoration d’une heure pour enseignement pendant plus de 8 h devant des classes de moins de 20 élèves étendue aux dédoublements. Il a également promu au ministère, l’ancien IA du 62 responsable de la suppression de l’allemand dans des collèges (retirant aux élèves le droit de choisir leur 2e langue vivante).
La rentrée 2012 se traduit donc sans surprise sur le terrain par la poursuite de la dégradation des conditions de travail :
hausse des effectifs, y compris en RRS
manque de personnels titulaires (en particulier en mathématiques, technologie et langues, et aux marges de l’académie), multiplication des compléments de service, conséquences des milliers de suppressions de postes subies ces dernières années,
pressions pour faire accepter des heures supplémentaires (chantage aux dédoublements, à la majoration de service pour effectifs faibles appliquée dans l’académie), ces pressions s’exerçant même sur les stagiaires bénéficiant de la décharge,
poursuite de la mise en place de réformes contestées (celles du lycée, du bac avec l’introduction massive de contrôle continu, de la voie technologique, du socle commun et de la voie professionnelle, avec des résultats désastreux au baccalauréat pour cette dernière).
Ultimatum adressé aux professeurs de STI issus de 42 disciplines différentes et qui doivent opter avant le 15 octobre pour un des 4 nouveaux champs disciplinaires, voire pour la technologie collège.
Les baisses de subventions d’Etat, que ce soit pour les fonds sociaux ou les crédits pédagogiques, conduisant des collèges du Pas de Calais à ne pas pouvoir acheter les manuels de 3e malgré de nouveaux programmes et de nouvelles épreuves au brevet.
La poursuite du démantèlement des CIO.
Certes, quelques mesures ont été prises par le nouveau gouvernement, pour lesquelles des limites apparaissent déjà :
le 5 juillet, annonce dans le BO d’une décharge de 3 h pour les stagiaires enseignants et de 6 h pour les stagiaires CPE et documentalistes, mais accordée sous condition (les lauréats des concours internes en sont quasiment tous exclus) et difficilement applicable quand le stagiaire est le seul représentant de sa discipline dans l’établissement (il est alors soumis à des pressions, un chantage à la validation pour accepter des heures supplémentaires). Cette décharge est à mettre au compte des luttes menées depuis 2 ans, elle est cependant insuffisante et nous devons poursuivre pour en obtenir davantage, ainsi que la suppression de l’exigence du CLES et du Ci2i lors de la titularisation (d’autant que le rectorat de Lille entend que la formation de plusieurs centaines d’euros se fasse aux frais des stagiaires !).
Fin août :
abrogation officielle du décret sur l’évaluation, là encore suite à la lutte que nous avons menée tout au long de l’année scolaire. Il faut rester vigilant sur ce dossier qui pourrait revenir rapidement.
annonce de l’augmentation du nombre de postes aux concours de recrutement, sans que ne soient posées :
1) la question de la crise de recrutement,
2) la question des pré-recrutements indispensables pour assurer la démocratisation au sein de la profession,
3) la question de la forte perte d’attractivité de nos métiers auprès des étudiants.
La mise en place d’un débat sur la rénovation de l’École, mais qui constitue un rendez-vous manqué en étant organisé à la va-vite pendant les vacances scolaires, sans déclinaison académique, sans débats dans les établissements.
Il est donc clair que pour obtenir le changement promis, nous devons nous mettre en ordre de bataille en mobilisant les personnels pour :
interpeller publiquement le ministre sur la nécessité d’élargir le débat sur la loi d’orientation, chantier dont l’ambition impose qu’il soit ouvert à l’ensemble de la profession et que les échanges soient facilités par l’instauration de demi-journées banalisées. Le SNES-FSU pourra y porter et confronter son projet.
élaborer des cahiers revendicatifs pendant le mois de septembre, afin d’assurer la réussite des États-Généraux du 2d degré le jeudi 25 octobre et permettre au SNES-FSU de porter efficacement la voix des collègues. Il s’agira d’abord d’imposer au ministre des négociations sur le contenu de la loi, ce qui interdit le passage en force et en urgence en septembre (la consultation qui vient d’avoir lieu ne peut en aucun cas remplacer des négociations avec les organisations syndicales représentatives et une véritable consultation de la profession). Il conviendra ensuite de peser dans les négociations sur les décrets consécutifs à l’adoption de la nouvelle loi d’Orientation.
traduire ces revendications dans le budget 2013 : les 20 000 postes aux concours (qui ne concernent pas les COPSYS) ne sont que le remplacement des départs en retraite de l’année en cours : ils ne compensent pas les 80 000 suppressions de la RGPP. Ils ne permettent pas non plus d’améliorer les conditions de travail, alors que le nombre d’élèves arrivant dans le secondaire va connaître une hausse sensible. Le budget 2013 doit aussi concerner l’augmentation des crédits de fonctionnement.
mener la réflexion sur les rythmes scolaires et ne pas se laisser dessaisir de ce dossier par les fédérations de parents d’élèves et le ministère.
proposer un calendrier d’actions comprenant une grève nationale avant le vote du budget, y compris dans un cadre syndical restreint (étant donné les divergences d’orientation qui se confirment avec le SGEN-CFDT et le SE-UNSA), si possible dans un cadre Fonction publique, sinon dans le seul cadre du 2d degré, faute de quoi notre organisation syndicale perdrait sa crédibilité et la confiance de nos collègues.
Les résultats aux élections professionnelles de 2011 qui ont confirmé la représentativité du SNES-FSU ne peuvent suffire pour que nous soyons entendus sur tous ces dossiers. L’établissement d’un rapport de force passe aussi par la mobilisation de la profession pour peser sur les décisions gouvernementales.
Se mobiliser avec l’ensemble des salariés :
Depuis plus de trente ans, le partage de la richesse produite s’est fait en faveur du capital et au détriment des revenus du travail. Lors de la grande conférence sociale de juillet, le patronat a lancé une nouvelle offensive qui va dans le même sens. S’appuyant sur l’inquiétude liée aux annonces de licenciements dans de nombreuses industries et sur l’exigence constante de la hausse de la productivité face à la compétition mondiale, il prétend exiger une diminution du coût du travail et remettre en cause le financement de la protection sociale. S’appuyant sur le rapport Gallois qui sera publié dans quelques semaines, son objectif est de transférer 30 à 50 milliards d’euros de cotisations sociales vers l’impôt à travers l’augmentation de la CSG.
Il s’agit d’une attaque sans précédent contre les fondements de notre système de protection sociale et un nouveau transfert des richesses au profit du capital. Les réactions syndicales sur la question ont été pour le moins divisées (approbation de la CFDT) et floues en terme de combativité (critiques faibles de la CGT et absence d’expression de la FSU). Il est alarmant de constater que l’interpro ne semble pas en capacité de s’organiser pour préparer une réplique à la hauteur des enjeux. Le SNES et la FSU doivent s’emparer de cette lutte, interpeller les autres organisations syndicales et contribuer dans son champ de syndicalisation à organiser la résistance des salariés, même si celle-ci doit s’envisager dans le cadre d’une unité syndicale réduite.
La CGT annonce une journée d’action le 9 octobre pour la « défense de l’industrie et de l’emploi ». La FSU doit rapidement s’adresser à la CGT pour discuter d’un élargissement de l’appel à cette journée d’action à l’emploi public et privé. La CAA de Lille exprime le souhait de la participation du SNES et de la FSU à cette journée, sous la forme d’une journée de grève pour réellement mobiliser la profession et en faire un temps fort de l’unité des salariés (emploi privé et public, salaires, formation, refus de la flexibilité du travail, du transfert du financement de la protection sociale vers l’impôt...).
Dans un cadre budgétaire de plus en plus contraint (et soumis au diktat du traité européen s’il est ratifié), la Fonction publique est la première cible des réductions de dépenses publiques : nos revendications sur nos emplois et nos salaires ne peuvent aboutir sans une mobilisation d’ampleur.
Il semble que les discours sans cesse répétés par les politiques et les médias pour faire admettre la nécessité d’être « raisonnable » face à la dette et d’accepter les réductions des dépenses et les politiques d’austérité qui les accompagnent, aient gagné du terrain dans les têtes, même au sein de nos militants et dirigeants syndicaux. Il nous faut ensemble, approfondir ces questions sans en rabattre sur les analyses que nous portions lors de nos derniers congrès. La hausse des recettes de l’État, une meilleure répartition des richesse et la contestation d’au moins une partie de la dette doit constituer le socle de nos revendications. Ce n’est que dans ce cadre que nous pourrons porter haut et fort nos exigences en terme de créations de postes (dans l’Éducation nationale comme dans le reste de la Fonction publique) et l’augmentation du salaire des fonctionnaire à travers la hausse du point d’indice. La FSU doit être à l’initiative d’une réunion de l’intersyndicale Fonction publique pour organiser une mobilisation dans la période du vote du budget.
Vote : 30 pour
Contre : 0
Abstention : 1
Refus de vote : 0