CTA du 17 janvier 2017
Déclaration liminaire de la
FSU Nord-Pas de calais
2017 commence, l’occasion d’adresser des vœux pour la réussite du service public, dans le contexte d’une année rendue particulière et incertaine par les prochaines échéances électorales dont les résultats influenceront nécessairement les orientations futures en matière de politique éducative.
Ce n’est pourtant pas faute de vous avoir averti, dans toutes les instances dans lesquelles la FSU a l’occasion de le faire, sur les difficultés grandissantes que connaît l’Éducation nationale, mais le dernier rapport du sénateur Carles vient de nouveau pointer certaines difficultés. Et ce n’est que la face émergée de l’iceberg : oui, il y a des démissions de stagiaires et de titulaires, oui, elles sont très minoritaires par rapport aux effectifs que représentent l’ensemble des personnels comme l’a rappelé le ministère ; mais ne pas les reconnaître comme symptomatiques d’un malaise plus général serait faire preuve d’un aveuglement préoccupant et même dangereux.
L’académie de Lille n’échappe pas à ce malaise : cette année, les professeurs en collège subissent en effet une réforme qu’ils ont majoritairement combattue et à laquelle ils restent d’autant plus opposés que sa mise en œuvre s’accompagne non seulement d’un renouvellement simultané des programmes des 4 niveaux, mais aussi d’une remise en cause de leurs pratiques professionnelles qui visent d’abord à réduire leur liberté pédagogique et à nier leur expertise disciplinaire, tout en générant une surcharge de travail jamais atteinte. Comme si cela ne suffisait pas, localement, nos collègues font face au même type de pression remettant en cause leur mission d’évaluation des élèves : nous dénonçons le LSU, dont la mise en place sert de prétexte à la généralisation d’une évaluation « par compétences » que le socle n’impose pas, et qui vise d’abord à piloter les résultats du DNB pour augmenter les taux de réussite. Il vous appartient de rappeler aux chefs d’établissement concernés que ce sont les professeurs qui décident du mode de positionnement retenu dans les applications tierces, et dans le LSUN. Et donc que le paramétrage du logiciel par défaut sur un positionnement des élèves sur une échelle de 1 à 4 au lieu des notes ne préjuge en rien des décisions qui appartiennent aux équipes, ni ne constitue un choix idéologique de votre part que vous chercheriez à imposer de cette façon.
Vous comprendrez donc l’exaspération des professeurs en collège, tout comme celle des enseignants en lycée dont les effectifs surchargés entraînent une augmentation de la charge et du temps de travail. Exaspération d’autant plus forte lorsqu’ils ont découvert début janvier votre circulaire les enjoignant à participer de nouveau à des réunions hors temps de service. En recourant à l’arrêté du 16 avril 2015, alors que rien ne vous y contraint, vous laissez entendre que nos collègues ne réfléchissent que sur consigne hiérarchique, qu’ils ne travaillent en équipe que sous le regard de l’encadrement, et vous oubliez qu’ils sont des cadres qui travaillent bien au-delà de leurs obligations de service. La FSU dénonce cette initiative infligée à une profession malmenée et mal payée : elle vous demande instamment de ne pas faire écho aux poncifs sur les fonctionnaires entendus dans la pré-campagne électorale : les personnels ont besoin de soutien dans leurs tâches. Faute de quoi, vous serez responsable des préavis de grève que nous ne manquerons pas de déposer pour toute la période, et de la reprise de la mobilisation dans les établissements, y compris lors des réunions, si vous décidiez de leur conférer un caractère obligatoire.
Autres symptômes du malaise : l’absence de lycées classés éducation prioritaire dans l’académie, alors même que les moyens octroyés par le ministère pour la rentrée prévoient 45 ETP pour les lycées et les LP les plus défavorisés. Une liste d’établissements dits « fragiles » nous a été fournie, mais nous ignorons à l’heure actuelle, les critères qui ont prévalu pour déterminer cette liste.
Toujours en lycée, le malaise grandit dans les équipes enseignantes de STS, qui pourraient être dessaisies du recrutement de leurs futurs élèves issus de bac pros, alors même qu’ils respectent voire dépassent les quotas d’élèves issus de LP en STS que vous avez imposés. À cela s’ajoutent des suppressions importantes de demi-sections de 2e année de STS (12 au total dont 8 en STS tertiaires), dégradant de facto les conditions d’encadrement et d’enseignement des étudiants et enseignants. Quel est donc le message envoyé aux mêmes équipes enseignantes au moment même où le rectorat nous affirme – et nous sommes d’accord – qu’il faut tout mettre en œuvre pour éviter le décrochage scolaire et la sortie du système éducatif sans diplôme ? (décrochage d’ailleurs particulièrement important entre la 1re et la 2e année de BTS). Là encore, comme pour la circulaire concernant la 2e journée de pré-rentrée, vous avez la possibilité de donner un signe aux personnels en renonçant à vos projets ; cela ne vous coûtera rien en moyens, mais cela aura sans doute un retentissement certain auprès de nos collègues.
Autre problème de taille : le statu quo de la carte des langues vivantes en collège alors que même qu’il y a un an des engagements avaient été pris dans toutes les instances pour revoir chaque année l’offre linguistique dans le sens de son enrichissement. Ce point n’est même pas à l’ordre du jour de ce CTA et et on ne peut considérer que la CAELVE de décembre ait traité la question. Au lieu de cela, un gel qui entérine la suppression de plus de la moitié des sections bilangues de l’académie et un recul de la diversification dans le 2d et le 1er degré.
Pour en venir à l’ordre du jour et les moyens concernant l’académie, le CTMEN du 15 décembre 2016 a acté la création de 100 postes administratifs sur l’ensemble des académies, assortie d’un redéploiement de supports entre académies jugées « excédentaires » et académies « déficitaires ».
Au total, ce sont près de 8000 emplois de personnels administratifs qui auront été supprimés depuis 2004, la filière administrative reste donc bien malmenée et l’annonce de ces 100 créations nettes déployées sur les académies déficitaires est loin de nous satisfaire. En effet, faire supporter à 12 académies des retraits d’emplois laisse un goût amer et ne donne pas le sentiment d’une véritable rupture avec le passé et d’une reconnaissance du service rendu par les personnels.
Une fois encore, et en dépit de la situation extrêmement dégradée de l’Académie de Lille que vous évoquez régulièrement, Monsieur Le Recteur, notre académie est en tête des académies les plus impactées par ces suppressions d’emplois et devra rendre 11 supports de personnels administratifs au Ministère. Ce sont au total 35 postes qui auront été retirés à la filière administrative au cours de ce quinquennat. Vous allez devoir, Monsieur le Recteur, expliquer aux personnels administratifs de notre académie que la « grande » politique de création d’emplois voulue par notre Ministre aura pour conséquence des suppressions de postes administratifs dans les services et dans les EPLE.
Vous allez également devoir expliquer aux personnels administratifs qui, au quotidien, accompagnent les multiples réformes mises en œuvre par le ministère, et qui subissent régulièrement des alourdissements de leur charge de travail, que leurs conditions de travail continueront à se dégrader. Pour qui connait vraiment les charges qui pèsent sur les missions de ces personnels, ces mesures de retrait sont scandaleuses.
La FSU demande donc l’annulation pure et simple de ces retraits d’emplois et le SNASUB-FSU exige les créations d’emplois indispensables à la réalisation des missions de service public.
La FSU informe le CTA que l’académie d’Amiens sera également ponctionnée de 2 emplois administratifs, ce qui ne sera sans doute pas sans conséquences sur la mise en œuvre de la feuille de route concernant la région inter académique.
Dans le premier degré, si la priorité au primaire a été affichée, elle peine à se concrétiser. Les dispositifs comme la scolarisation des moins de 3 ans, le maitre en plus ou l’allègement en REP+ - qui nous semblent aller dans le bon sens – doivent être amplifiés pour permettre une véritable transformation de l’école, sans que cela se fasse au détriment des nécessaires ouvertures de classe tant en éducation prioritaire que hors réseau.
En France, le nombre d’élèves par enseignant est de 19,4 alors que la moyenne des pays de l’OCDE est de 15,1. Pour l’instant nous ne savons pas encore précisément comment seront déployés les 300 ETP alloués à notre académie. Néanmoins l’engagement de la Ministre, en date du 7 janvier 2017, assurant que toutes les écoles en Éducation Prioritaire bénéficieront en septembre 2017 du dispositif « Plus de maîtres que de classes », nous semble davantage tenir d’un vœu pieux que de la réalité.
À la rentrée 2017, il est important que les enseignants du premier degré puissent percevoir des changements sur leurs conditions de travail et celles de leurs élèves, et notamment pour les plus fragiles : verront-ils enfin une réelle baisse des effectifs ? Un accompagnement et des moyens suffisants pour aider les élèves à besoins éducatifs particuliers ? La renaissance d’une indispensable formation continue qu’on leur promet ? Une formation initiale nettement améliorée ? Des RASED réabondés ? La reconnaissance du travail invisible généré notamment par la création des nouveaux dispositifs « Plus de maîtres que de classes » et les « ULIS écoles » ? Etc. Si notre dotation est positive elle reste bien en deçà de nos besoins et ne permettra pas, une fois encore, de répondre à toutes les priorités ministérielles. La direction d’école souffre particulièrement du manque de reconnaissance de la part de l’administration. Les directeurs et directrices font quotidiennement le constat que leur temps de travail empiète largement sur leur temps personnel ce qui engendre un réel malaise. Le protocole de simplification des tâches administratives et quelques nouvelles applications numériques ne permettront pas d’alléger significativement la charge de travail et n’amélioreront pas le fonctionnement de l’école. Les directeurs et directrices ont besoin d’une diminution conséquente de leur charge de travail, cela passe par moins d’injonctions, de mails et d’enquêtes, par l’octroi de décharge supplémentaire, par la mise en place d’emplois statutaires et pérennes d’aides administratifs.
Ajoutons enfin les très vives inquiétudes concernant la situation des élèves en SEGPA. Nous vous demandons, Monsieur le Recteur, des garanties pour que les moyens dédiés à ces élèves, leur profitent entièrement et qu’ils ne soient pas détournés de leur objectif fondamental au nom d’expérimentations d’inclusion bricolées. Nous demandons également à ce que chaque SEGPA de l’académie retrouve sa structure complète avec une véritable 6e SEGPA abandonnant définitivement la mise en place de la 6e inclusive.