Déclaration de la FSU au CTA du 22 janvier 2015
Nous venons de passer quelques journées difficiles comme citoyens et comme fonctionnaires de l’EN. Les médias ont d’ailleurs fait état de difficultés à transmettre à nos élèves un message que l’on pouvait penser aller de soi. Nous apportons dans ce contexte tout notre soutien au professeur d’arts plastiques suspendu pour 4 mois par le recteur de Strasbourg sur la seule foi de témoignages d’élèves, sans même qu’il ait pu être écouté avant la décision rectorale.
Ces journées montrent à quel point l’Éducation nationale doit être en capacité d’assumer les responsabilités qui sont les siennes en matière d’éducation à la citoyenneté, afin de faire partager et respecter les valeurs de tolérance, de respect de l’autre, de liberté, d’égalité des citoyens et de laïcité qui sont les fondements de l’école de la République. C’est d’autant plus nécessaire que le danger est grand de voir un climat raciste se développer sur fond d’amalgames et d’instrumentalisations diverses de l’émotion et de la colère suscitées par ce drame, de voir aussi des libertés fondamentales mises en cause.
Nous sommes, avec d’autres fonctionnaires, en première ligne. Il faut donc nous donner les moyens de pouvoir exercer les missions qui nous sont assignées , non une simple fiche Eduscol ou a fortiori un quelconque « Patriot Act », faute de quoi, d’autres s’empareront de ces missions pour les détourner à leurs fins, .
Comment redonner priorité à l’Éducation ?
– en nous formant vraiment et pas en nous obligeant à valider un DU incompris donc inefficace,
– en recrutant davantage et en créant les postes nécessaires par transformation des heures supplémentaires,
– en restaurant notre image.
Ce qui sous-entend de rendre attractifs les métiers en augmentant les salaires, mais aussi en diminuant le nombre d’élèves par classe, en augmentant les horaires de cours (et pas celui des heures au contenu indéterminé pour ne pas dire inexistant ou indigent comme trop souvent en accompagnement éducatif), en prenant en compte nos demandes concernant les programmes, afin que nous puissions réellement prendre le temps avec les élèves qui nous sont confiés.
Cela a sans doute un coût, mais ce coût est d’abord un investissement que les événements récents nous font ressentir comme indispensables.
La FSU dénonce donc les nombreux problèmes qui demeurent sur le terrain : effectifs de classes trop lourds, remplacements non assurés, formation initiale et continue des personnels non satisfaisante, conditions de travail très souvent dégradées, alourdissement des tâches, le tout dans un contexte de salaires faibles et de gel du point d’indice depuis 2010, avec pour corollaire une crise du recrutement qui persiste.
Parce que ces questions ne peuvent plus attendre, la FSU appelle les personnels à être en grève le 3 février prochain.
Le SNUipp-FSU appelle la profession à ne plus remplir la déclaration d’intention de faire grève qui oblige les PE à se déclarer « susceptibles d’être grévistes » 48H à l’avance.
Nous tenions cependant à nous réjouir d’une bonne nouvelle arrivant dans l’Education nationale, elles sont si rares : celle d’une victoire syndicale récente qui pourra servir de point d’appui aux revendications de l’ensemble de nos professions : le syndicat des recteurs vient en effet d’obtenir la revalorisation des 30 recteurs d’académie ; ce qui correspond, selon la ministre, à la réparation d’une anomalie. Elle utilise pour cela une prime mise en place en 2010, prime liée aux orientations choisies entre 2007 et 2012, à savoir la RGPP, mais aussi à toujours plus d’autonomie, et à une rémunération liée au « mérite », au management. Que doit-on en conclure sur la politique qui préside actuellement à l’Education nationale ?
Cette augmentation d’une prime de l’ordre de 68,5 % est cependant un encouragement pour nos luttes à venir contre l’anomalie qui nous touche également, à savoir une dévalorisation de nos salaires commencée depuis plus de 20 ans, et, depuis 2010, une baisse de fait des salaires des fonctionnaires programmée jusqu’à au moins 2017 par le gel du point d’indice. Seulement, ce n’est pas une prime de performance que nous réclamons, mais le rattrapage salarial qui nous est dû depuis que nos salaires ont été désindexés de l’inflation et que nos qualifications et notre niveau de recrutement ont augmenté.
La logique de la mesure qui touche les recteurs nous semble cependant en contradiction avec les réponses données dernièrement. En effet, les collègues qui ont fait grève pour défendre leurs conditions de travail, celles de leurs élèves et le maintien en ZEP (et qui subiront autant de retraits d’1/30 que de journées de grève) ont eu comme réponse que leur sortie de ZEP, et donc la dégradation prévisible des conditions d’enseignement et la suppression de la prime, est justifiée par les bons résultats obtenus par les équipes. Comment comprendre ce qui justifie une revalorisation à l’Education nationale alors ? La FSU continue de soutenir ces établissements en lutte et à demander le réexamen de la carte des REP.
Concernant l’ordre du jour, nous allons examiner la répartition des créations et suppressions de postes dans l’académie. En effet, à côté des 203 créations de postes d’enseignants, 8 postes d’administratifs sont supprimés, ce qui fait de Lille l’académie la plus touchée .Ces suppressions vont de pair avec la réduction drastique des agences comptables dans l’académie , qui désorganise la vie des établissements et accroît la charge de travail pour les personnels restants. A ce sujet, nous nous étonnons vivement du recrutement des agents comptables, fonctionnaires d’Etat, hors règles paritaires, par le chef d’établissement ,entre autres. Quant aux postes d’assistante sociale, seulement 5 postes sont créés alors que 91 établissements du Nord et 60 du Pas de Calais restent sans assistante sociale, soit plusieurs milliers d’élèves dans une région socialement défavorisée, comme les dernières enquêtes de l’INSEE l’ont montré dernièrement.
Le projet d’intervention du service social dans le cadre des REP+ représente une aggravation de ce constat : les premiers travaux ministériels concernant les missions des assistants sociaux et l’expérimentation des autres académies conduirait à retirer le service social de 69 collèges et 22 lycées pour le Nord et 49 collèges et 11 lycées pour le Pas de Calais selon nos premières évaluations, dès septembre 2015, sans offrir de présence dans le premier degré. Est ce là la traduction politique de prise en charge les difficultés sociales des élèves et des familles ?
Les indicateurs choisis ne sont principalement que financiers alors que l’observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale cite clairement, en juillet 2014, la monoparentalité, la perte d’emploi, le nombre d’enfants dans la famille comme les principaux critères sociaux. Loin de soutenir la scolarité d’élèves de famille défavorisées, c’est l’aggravation de la précarité des familles et la fragilisation de la scolarité de leurs enfants que ce projet inscrit en retirant tout accompagnement social par le retrait du personnel spécialisé de très nombreux établissements.
Nous allons connaître la répartition des grandes masses sans pouvoir encore discuter du volume total d’une dotation qui n’est pas suffisante pour combler la hausse démographique dans le 2d degré et les mesures liées à la mise en place des REP +.
Cette année encore, les chefs d’établissement ont été destinataires des DHG alors même que le CTA n’a pas eu lieu et que les élus que nous sommes n’avons rien encore : à quoi rime donc cette instance ? Sommes nous les seuls à lui accorder une importance ?
L’expression « dialogue social » a été inventée au moment où le véritable dialogue a disparu, remplacé par des instances sans vote, si ce n’est sur l’ordre du jour, ce qui en rend l’intérêt très limité, pour vous comme pour nous. La façon dont a été conduite la réforme de la carte de l’éducation prioritaire dans l’académie, plaçant nos organisations devant le fait accompli, illustre parfaitement cette vision du « dialogue » que nous récusons. Le dialogue que préconise la FSU aurait exigé a minima la consultation du CTA sur le projet de carte de l’éducation prioritaire, comme cela s’est fait ailleurs. Une instance doit être le lieu d’un véritable échange, ce qui suppose que les élus disposent des informations nécessaires pour produire des analyses et informer ceux qu’ils représentent. Ne pas nous donner les moyens de le faire est de votre seule volonté et responsabilité. Nous ne saurions donc nous contenter de la simple transmission d’un calendrier indicatif des dates des prochains CTA en guise d’amélioration de ce dialogue, nous attendons autre chose comme les dotations et les TRMD.
Dans le premier degré, nous n’acceptons pas que les opérations de carte scolaire se déroulent après les élections départementales. Les personnels enseignants et non enseignants de l’Education Nationale ne doivent pas pâtir d’une décision politique injustifiée. Ce calendrier va mettre les services des inspections académiques en difficulté car ils devront gérer les affectations des PE dans un calendrier très restreint. Ce report des opérations « mouvement » aura également des incidences sur les nominations des collègues du premier degré dont une partie non négligeable ne connaîtra son affectation qu’après la fin des classes.
Pour l’enseignement professionnel, le transfert de capacité de secondes professionnelles vers les secondes générales et technologiques, sous prétexte que les familles manquent d’ambition, est encore une marque supplémentaire de désengagement du rectorat vers l’enseignement professionnel public.
Le manque d’ambition ne provient pas des familles mais bien de la politique éducative actuelle : il est très probable que la majorité de ces 75 élèves orientés vers les secondes GT réintégreront, au mieux, une formation professionnelle à la fin de leur seconde GT, au pire quitteront le système éducatif sans solution.
La FSU dénonce le manque de reconnaissance de l’enseignement professionnel public, et son démantèlement programmé par les différents gouvernements.
La volonté du transfert de l’enseignement professionnel public vers l’apprentissage en est la démonstration et constitue une ineptie : l’apprentissage n’est pas source de réussite, bien au contraire. D’ailleurs la note publiée par le Conseil d’Analyse Économique en décembre 2014 témoigne de son échec .
L’enseignement professionnel public garantit la qualité de la formation des élèves aux parcours scolaires difficiles, et l’ambition du rectorat devrait être de maintenir et de conforter les sections professionnelles existantes au lieu de continuer à les sacrifier.
Compte-rendu :
– Concernant les GRETA, la FSU s’est abstenue : voir cet article : http://www.lille.snes.edu/spip.php?article2894
– Concernant les établissements REP/REP+, la FSU a à nouveau dénoncé le nombre insuffisant d’établissements classés en éducation prioritaire dans notre académie : si le classement s’était fait de manière nationale, les 9 établissements sortants de REP n’en seraient pas sortis.
– Voici les documents préparatoires concernant les créations/supressions de postes dans les collèges/lycées/LP :
pour les collèges :
pour les lycées et LP :
Note globale sur le second degré :
Comme nous n’avons pas été destinataires des dotations des lycées, il nous est difficile d’en faire une analyse pour l’instant. Dans la fiche lycée, il est indiqué que des postes sont créés en optimisant le remplacement pour les vacations et les suppléances. Aucun poste de TZR ne sera supprimé mais il restait des moyens en vacations qui n’étaient pas utilisés, de plus l’utilisation des contractuels sera optimisée mais il est à craindre une détérioration de leurs conditions d’exercice (ce n’est pas ce que dit le Recteur mais notre analyse).
Concernant le nouvel enseignement d’éducation morale et civique, il sera à la rentrée prochaine obligatoire jusqu’en terminale, y compris en série technologique, en remplacement de l’ECJS. Mais comme l’ECJS n’existe pas actuellement en série technologique et comme le texte n’est pas encore publié nationalement, le rectorat n’a pas financé cet enseignement dans les séries technologique, il ne faut donc pas le compter pour les besoins pour la rentrée prochaine car le rectorat financera cet enseignement quand les textes nationaux seront publiés.
Concernant l’accompagnement éducatif : les enveloppes n’ont pas été modifiées. Les chefs d’établissement ont eu une notification le 22 septembre 2014. Pour la rentrée 2015, l’accompagnement éducatif ne se fera qu’en Éducation Prioritaire.