Au mois d’octobre, la section académique du SNES-FSU a proposé à l’ensemble des collègues concernés une première enquête afin de dresser le bilan de la mise en œuvre de la réforme de la formation et des concours, et plus particulièrement de son dispositif le plus emblématique : les étudiants contractuels alternants.
Adressée aux alternants de l’académie.
Dans l’académie, nous accueillons 87 alternants hors EPS, PLP (pas notre champ de syndic) et CPE (pas la même problématique car affectés en surnombre).
23% des alternants ont répondu à notre enquête (toutes disciplines confondues.
1°) Affectation des alternants.
La FSU a demandé à ce que les alternants puissent bénéficier d’une indemnité de déplacement pour se rendre à l’INSPE sur le modèle de l’IFF stagiaire. Le rectorat nous dit ne pas avoir de retour de problématiques relatives aux affectations, les alternants ayant pu formuler des vœux. Au niveau ministériel les préconisations invitent à affecter au plus proche de l’INSPE.
Dans la réalité :
• 20 % des sondés disent ne pas avoir formulé de vœux,
• 20 % disent ne pas être satisfaits de l’affectation pour des raisons de distance (tous témoignent d’un trajet de plus d’une heure de route ou de transports en commun pour se rendre en établissement à leurs frais).
Ce que demande le SNES-FSU : affectation soit au plus proche du domicile soit au plus proche de l’INSPE. Possibilité de formuler des vœux, et possibilité d’indemnisation pour les distances pour tous les alternants !
Ces longs trajets ont des conséquences sur les conditions de travail des collègues, leur santé, et (dans un contexte de forte inflation) participent, en l’absence de prise en charge, à la précarisation des ces personnels déjà précaires.
2°) Motivation des alternants
Si 70% disent avoir postulé pour le salaire (avoir un job) et 85% pour l’expérience, seulement 45% se sont réellement inscrits pour la préparation au concours.
Ce que pense le SNES FSU : le faible nombre d’alternants par rapport aux prévisions ( + de 400 annoncés au printemps) ainsi que le peu de motivation pour la préparation au concours, témoignent de l’impossibilité de suivre de front le master, la préparation au concours et l’exercice en pleine responsabilité. Le SNES FSU continue de dénoncer les conditions d’entrée dans le métier et exige une entrée progressive dans le métier.
3°) Les tuteurs
Lors du CHSCT de juillet, l’administration nous assurait que les tuteurs étaient repérés, qu’ils seraient de la même discipline et dans les même établissements pour permettre le meilleur accompagnement possible. La FSU avait bien interpellé l’administration sur ces sujets, qui n’a pas pris la mesure du problème et de l’absence d’anticipation....
Dans la réalité :
• Au 28 août : 75% des sondés ne connaissaient pas leur tuteur (les autres ont pris connaissance de leur identité par le biais des organisations syndicales)
• Au 1er septembre encore 26,67% des sondés n’avaient toujours pas connaissance de l’identité de leur tuteur
• Autour des vacances de la Toussaint encore 10% n’avaient pas de tuteur !
Parmi les collègues qui ont un tuteur (quand ceux là n’ont pas démissionné) :
-11% témoignent que leur tuteur est dans un autre établissement,
– 5,56% dans une autre discipline !
et enfin 22,22% considèrent que les emplois du temps du tuteur et de l’alternant ne permettent pas des rencontres régulières.
Ce que pense le SNES-FSU : sauf à vouloir laisser les alternants sans tuteurs et dans la difficulté, les étudiants doivent pouvoir avoir un tuteur dès leur affectation, dans leur discipline et dans leur établissement. De plus ils doivent pouvoir avoir connaissance de l’identité de celui dès les affectations pour pouvoir préparer la rentrée.
Cela suppose que l’administration anticipe les opérations et sollicite avant les congés d’été les personnels volontaires (et non pas fin août). Il faut également que les tuteurs puissent être formés et rémunérés à la hauteur de la mission.
4°) Organisation du service des alternants
"Les alternants sont recrutés sur un contrat à tiers temps pour leur laisser le temps d’étudier...."
Dans la réalité :
– 10% des sondés effectuent plus de 6h de cours par semaine
– 20% disent être sollicités pour effectuer des heures supplémentaires : remplacements en interne, stage de remise à niveau, soutien pendant les vacances, etc....
– 10% des alternants disent ne pas pouvoir assister à tous les cours à l’INSPE à cause de l’emploi du temps en établissement
Ce que pense le SNES-FSU : vu la charge de travail durant l’année de M2, il est inacceptable que les étudiants se voient proposer des heures supplémentaires. Par ailleurs, le fait qu’elles soient acceptées interroge sur les niveaux de rémunération trop faibles des alternants.
– Le nombre de classe en responsabilité varie selon les disciplines :
de 6 classes en arts plastique par exemple à 3 en espagnol, ce qui ne sera pas sans conséquences sur la charge et l’organisation du travail (suivi, conseils de classes, etc).
– Seuls 15% des alternants effectuent des heures de co animation : 75 % des sondés sont en pleine responsabilité au moins 6h par semaine.
Des alternants témoignent avoir dans leur service des heures de devoirs faits !
Ce que pense le SNES-FSU : il est inacceptable que des moyens d’enseignement pour les élèves soient détournés pour effectuer des heures de devoirs faits et permettre l’affectation des alternants coûte que coûte. Si le service ne peut être effectué sur des heures d’enseignement, les établissements doivent pouvoir disposer d’enveloppes supplémentaires pour permettre l’affectation des alternants en surnombre, ou à défaut permettre des dédoublements de classe.
5°) Les premiers cours/ Exercice du métier
« Nous sommes prêts ».
Dans la réalité :
– 70% des alternants témoignent du fait de ne pas avoir bénéficier d’aide pour les premiers cours
– 55% disent ne pas s’être sentis prêt le premier jour
Témoignages anonymes :
« aucune expérience » ; « classe difficile », « j’ai su le niveau que j’allais avoir J-2 avant la rentrée des élèves » « nous sommes jetés dans le bain sans être prêt à la réalité de terrain » « peur de mal faire » …
Avec le recul, 85% des sondés aurait souhaité pouvoir bénéficié d’une aide pour préparer les premiers cours .
Quels conseils ? Quelle aide ? :
« Des choses pratique comme les choses à faire quand on arrive dans un établissement »
« des conseils sur la gestion de classe »
« la gestion de classe aurait dû être mieux traitée en M1 et non en M2 »
« Aide pour préparer les premières séquences »
« avoir un tuteur dans mon établissement »
« un tuteur »
« une réunion avec mon tuteur »
Ce que pense le SNES-FSU : ces retours témoignent de l’impréparation et de l’absence d’anticipation totale de la part de l’institution, qui a jeté les étudiants dans le grand bain sans préalables suffisants. Les étudiants doivent pouvoir bénéficier d’aides et de conseils avant les premiers cours.
– T’es tu déjà senti.e en difficulté face à des élèves :
60% des sondés ont répondu OUI
6°) Charge de travail
« Les alternants sont avant tout des étudiants ».... Lors du GT qui s’est tenu au mois de juin l’administration n’arrêtait pas d’insister sur la prise en compte du statut d’étudiant dans la mise en œuvre du dispositif.
A l’INSPE : Le nombre d’heures à l’INSPE varie en fonction des disciplines et peut aller jusque 24 h de cours par semaine, en espagnol par exemple, qui s’ajoutent au reste.
Dans certaines disciplines, les emplois du temps ne sont pas stabilisés, ce qui ajoute du stress et ne permet pas aux alternants d’anticiper et de s’organiser.
« Considères tu que ton emploi du temps en établissement et à l’INSPE te laissent suffisamment de temps pour » :
• Préparer le master avec un mémoire professionnel : 85% de réponses négatives
• Préparer et réviser ton concours de manière satisfaisante : 90 % de réponses négatives
• Préparer ton travail en établissement de manière satisfaisante : 80% de réponses négatives
Ce que pense le SNES-FSU : les alternants sont avant tout des étudiants préparant un concours (dixit l’administration). Pourtant rien n’est mis en place pour permettre aux étudiants d’effectuer leur année universitaire sereinement .
La charge de travail et le sentiment de non satisfaction quant au travail en établissement ne permet pas un exercice du métier serein, pour ceux qui ne seront pas dégoûtes du métier. La charge de travail est trop importante et l’ensemble du dispositif doit être mis à plat pour permettre aux alternants d’étudier et de préparer sereinement leur concours.
– As tu connaissance de la mise en place d’un dispositif d’aide que les alternants pourraient mobiliser si ils elles devaient se sentir en difficulté ?
35% NON
Ce que pense le SNES-FSU : Mis en place à la demande de la FSU (l’administration n’avait pas non plus anticipé cela), il existe bien un dispositif. Toutefois, preuve du manque de bonne volonté de la part de l’administration à aider les étudiants et à mettre en œuvre le dispositif, plus d’un alternant sur 3 n’en a toujours pas connaissance. Le SNES-FSU exige qu’une communication soit faite à l’attention de tous les étudiants sur ce sujet.
- Comment qualifies tu ta charge de travail ?
– 75% qualifient la charge de monstrueuse
– 25% d’importante mais gérable
Personne n’a qualifié la charge de travail d’ordinaire, peu importante ou nulle
– 90% ont le sentiment de na pas réussir à assumer correctement et pleinement leurs responsabilités en établissement et leur travail universitaire
Après quelques semaines de cours te sens tu ? (plusieurs réponses possibles)
- Stressé.e : 60%
- Epuisé.e 55%
- Fatigué.e 60%
-En pleine forme : 0%
- Satisfaite 5%
- Motivée 10%
Témoignages :
« Bientôt en burn out. J’ai renoncé à réussir le master, voir le concours. »
« je délaisse les cours INSPE »
« Lassée »
As tu songé depuis début septembre à te mettre en arrêt maladie ?
35% ont répondu OUI
As tu songé depuis début septembre à démissionner de l’alternance ?
30% ont répondu OUI
Témoignages :
« je suis épuisée et je vois tout en noir (..) j’ai peur du burn out » « des semaines trop chargées, je n’arrive pas à gérer le master, le mémoire, le collège et les partiels.. » « pas d’aide de l’INSPE ».
Ce que pense le SNES FSU :
Ce dispositif est un échec. Il se met en œuvre sur le dos des étudiants, de leur santé et de leur préparation au concours, et par ricochet des élèves eux mêmes. Les évolutions du dispositif (à cheval M1-M2) vont aggraver les choses.
Le SNES revendique une entrée progressive dans le métier et l’affectation des alternants en surnombre dans les établissements sur le service du tuteur (volontaire) formé et rémunéré à la hauteur de la charge de travail