Le 27 septembre 2021, Jean Castex a annoncé un nouveau plan d’investissement dans les compétences des salariés. Il a à cette occasion rappelé l’engagement de l’État dans le plan « 1 jeune 1 solution ». Pour l’apprentissage, il reconduit le dispositif d’aide aux entreprises à l’embauche d’un apprenti ( de 5000€ à 8000€ pour la 1re année) rendant pratiquement gratuit le coût d’un apprenti pour l’entreprise.
Depuis de nombreuses années, le SNES-FSU et la FSU dénoncent ce mode de formation qui fait la part belle aux entreprises et aux formations privées. De nombreuses officines privées s’emparent de cette nouvelle manne financière. Ainsi en deux ans, le nombre de CFA privés (centre de formation par apprentissage) est passé de 950 à 2700 en France.
La loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » a libéralisé le marché mais en même temps, ce système est largement subventionné par l’État. De nombreux conseils régionaux comme la région Hauts-de-France financent des infrastructures privées , offrant le gîte à ces structures privées à but lucratif au détriment des lycées publics de l’Éducation nationale. Le couvert est pris en charge par l’État par le subventionnement des apprentis. Rappelons que ces officines privées de formation ont bénéficié pendant un an de la possibilité de recruter des apprentis sans entreprises leur permettant de renflouer un plus leur caisse.
Au-delà de ce scandale financier et de la volonté du gouvernement d’affaiblir la formation professionnelle initiale sous statut scolaire, les études comme celle du CEREQ en 2018 confirment que l’apprentissage est un système inégalitaire qui renforcent les discriminations du marché du travail au sein du système de formation ( les filles et les jeunes issus de l’immigration sont le plus souvent exclus) .
L’apprentissage n’est pas la voix royale pour la formation professionnelle pour les jeunes avant le baccalauréat : le taux de décrochage en CAP et bac Pro est toujours aussi alarmant : 30 % pour les CAP et 27 % pour les bacs pro. Ces chiffres explosent dans certaines formations : 71 % en bac pro Esthétique, 57 % en CAP Hotellerie - Restauration, 52 % en CAP Vente, 37 % en Carrosserie …
L’apprentissage se développe surtout au niveau post-bac et a une certaine réussite car les étudiants ont déjà acquis des habitudes de travail que leur a donné la formation initiale sous statut scolaire. De plus, dans les lycées, les formations par apprentissage sont assurées par des enseignants uniquement sous forme d’heures supplémentaires, permettant ainsi de supprimer des postes.
Les derniers chiffres de la DARES montrent que les milliards injectés dans ce système de formation ne fait pas pas baisser le chômage des jeunes (+9,7 % ) et le nombre de NEET ( terme anglais pour « Not in Education, Employment or Training », ni étudiant, ni employé, ni stagiaire) ( +4,6 % entre 2019 et 2020). La politique gouvernementale coûte chère et n’est pas efficace.
La FSU a interpellé le 1er ministre le 24 septembre 2021 sur ses choix politiques.
Vous trouverez ci-dessous le courrier envoyé par la FSU au 1er ministre.
Pour aller plus loin dans votre réflexion, nous vous conseillons de l’article du blogs Médiapart de Nasr Lakhsassi, co-secrétaire du SNUEP-FSU de Bordeaux
L’apprentissage, voie royale… mais pas pour tout le monde ! | Le Club de Mediapart