Affectation des professeurs stagiaires : un ministère dépassé, des personnels malmenés !
Depuis le 10 juillet, les professeurs et CPE lauréats de concours, doivent être affectés comme stagiaires dans les collèges et lycées de notre pays. Des règles existent, mais dès le départ, il était prévisible qu’elles provoqueraient des situations humaines catastrophiques : les textes prévoyaient initialement le maintien dans l’académie des lauréats du CAPES rénové devant valider leur 2e année de master (M2) en même temps que leur année de stage. Les lauréats des concours exceptionnels étaient eux aussi garantis de rester l’année de stage dans leur académie (maigre consolation par rapport à leurs conditions d’entrée dans le métier, sans aucune heure de décharge).
Dès lors, les capacités d’accueil fixées préalablement par académie ont été très vite atteintes, ne laissant pas ou peu de places aux situations de rapprochement de conjoint, de handicap, et envoyant des lauréats déjà titulaires du M2 ou dispensés de diplômes (mères de 3 enfants notamment) dans des académies déficitaires.
Nouveauté mi-juillet : même la règle d’affectation des M1 dans leur académie pour pouvoir poursuivre leur M2 n’est pas respectée, au risque de compromettre leur titularisation dans un an s’ils n’ont pas pu valider leur diplôme.
Au final, la précipitation, l’impréparation de la réforme des concours provoquent de véritables drames pour des centaines de lauréats qui voient s’effondrer leurs projets professionnels après des années de sacrifices, compte tenue d’une affectation intenable (outre les situations de séparation, aucun défraiement n’est prévu, les lauréats ne toucheront leur premier salaire de 1350 euros que fin septembre).
Beaucoup envisagent de démissionner ou de ne pas rejoindre le poste en prenant une année de disponibilité. Le déficit du nombre de stagiaires par rapport aux places aux concours était déjà énorme ; si l’on y ajoute ceux qui manqueront à l’appel le 1er septembre en raison des conditions d’exercice que l’Education nationale leur réservent, nous n’aurons pas de rentrée « techniquement réussie » en 2014.
Le Ministère de l’Education nationale porte l’entière responsabilité de cette catastrophe, incapable qu’il a été d’anticiper sur les effets conjugués de sa réforme (concours placés au milieu du Master, utilisation des stagiaires comme moyens d’enseignement alors qu’il pourrait les affecter sur le service d’un titulaire) et de la crise de recrutement aggravée faute de revalorisation du métier enseignant.
Le SNES-FSU, pour sa part, continue à œuvrer en faveur des collègues stagiaires : des militants ont renoncé à leurs vacances de juillet pour répondre aux centaines de courriels et d’appels au secours ; mais la situation est devenue tellement chaotique, au fil des jours, qu’un nombre très limité de cas problématiques trouveront une solution acceptable.
Fort de cette expérience particulièrement éprouvante, le SNES réaffirme avec vigueur l’urgente nécessité de repenser le recrutement, la formation initiale et la revalorisation des enseignants et CPE, pour assurer la pérennité du service public d’éducation dans les collèges et lycées de notre pays. Dans l’immédiat, il demande la révision des situations familiales, médicales et de poursuite de M2