Lille, le 20 janvier 2006
Notre service public de l’Education nationale doit garantir l’égalité d’accès à l’ensemble des élèves et se fixer comme ambition la réussite individuelle et collective. Il doit permettre aux jeunes d’acquérir un haut niveau d’éducation et de formation.
Cette ambition impose une politique résolument tournée vers la satisfaction des besoins des usagers, tout en tenant compte des qualifications et des conditions de travail des personnels.
OR, la loi Fillon adoptée au Parlement est a contrario une loi régressive. Le budget 2006, les décisions gouvernementales et parlementaires récentes sont dévastatrices pour l’emploi, la qualité du service public, la formation des jeunes.
Cela se concrétise par :
• la réduction drastique des postes offerts aux concours dans les 1er et 2e degrés et la fermeture de l’accès à l’emploi public pour de nombreux « précaires »,
• la suppression de milliers d’emplois dans le 2e degré, plus de 3500 depuis 1998 dans l’académie, et des créations dérisoires dans le 1er degré, qui ne répondent pas à la hausse démographique constatée (en 4 ans, en réalité ce sont 140 postes supprimés pour 4000 élèves en plus !).
• le redéploiement de moyens existants en collège qui exclut des centaines d’établissements pourtant démunis, du dispositif de l’éducation prioritaire avec la création d’établissements ghettos,
• la suppression massive de moyens contractuels d’enseignement et les retraits d’emplois correspondants,
• la suppression des postes de Mi et de Se au statut reconnu contribuant à l’aide sociale aux étudiants et leur substitution par des emplois plus précaires pour accompagner la vie scolaire, ceci sans espoir de qualification ni d’accès futur à un emploi stable,
• le remplacement à l’interne pour les absences de courte durée et l’allongement de la durée du temps de travail,
• des mesures discriminatoires à l’égard de jeunes fragilisés par le système à qui est destiné l’apprentissage dès 14 ans ... et le déplacement de la formation vers l’entreprise,
• le recours programmé à la bivalence de tous les enseignants pour comprimer les coûts, « optimiser » l’utilisation des personnels et supprimer de nouveaux emplois publics,
• la remise en cause de la scolarisation précoce en maternelle dès 2 ans,
• la suppression des dédoublements et de nombreuses options pourtant utiles aux choix d’orientation des élèves,
• la remise en cause du droit à la formation continue causée entre autre par la perte importante de moyens de remplacements,
• des suppressions d’emplois administratifs (70 en 2 ans) qui pénaliseront non seulement les personnels, mais aussi les familles,
• le déficit persistant en personnels santé-sociaux tant auprès des élèves qu’au service de la médecine de prévention pour les personnels,
• la dévaluation du pouvoir d’achat des personnels par le gel des salaires...
Ces choix ne sont pas de nature à répondre à l’attente des parents, des jeunes, des personnels, ni même à assurer la « réussite pour tous » en prévenant les difficultés scolaires... elles détériorent au contraire les conditions de travail et d’étude et programment d’autres exclusions.
Parce que l’école est un enjeu majeur pour le devenir des jeunes, pour le progrès économique et social du pays, nous revendiquons d’autres choix de la part des élus de la nation.
Nous demandons les moyens nécessaires au rétablissement des postes supprimés dans le second degré et chez les administratifs, les créations d’emplois à la hauteur des besoins dans le premier degré, mais aussi des conseillers d’orientation, des assistants sociaux, des CPE.
Le Parlement a voté le budget qui nous a conduits à cette impasse.
Nous demandons aux élus régionaux de prendre leurs responsabilités et de porter la demande d’un collectif budgétaire pour permettre à l’Ecole publique et à l’Université de remplir leurs missions.
Un budget ambitieux doit permettre également à l’Etat d’assumer ses responsabilités en terme d’action sociale vis à vis des familles ; le rétablissement tardif des fonds sociaux a répondu à la mobilisation des familles et des personnels, mais il ne règle pas au fond le problème de la pauvreté chez les s. Nous demandons l’augmentation du nombre et des montants des bourses, et rejetons le principe des bourses au mérite.
Nous demandons aux députés et sénateurs de rencontrer une délégation intersyndicale de l’Education nationale dans le cadre d’un vrai « dialogue social » .
EIL, FAEN, FERC CGT, FSU, SGEN CFDT, SUD Educ, UNSA Educ, CNT